Les spectacles écrits et mis en scène par Pauline Bureau s’intéressent aux questions sociales, à la place des femmes en particulier. Ce fut le cas avec Féminines, sur la première équipe de footballeuses en France ou, avec la troupe de la Comédie française, dans Hors-la loi sur la légalisation de l’avortement. Cette fois elle s’intéresse à la GPA, la gestation pour autrui, qui est toujours interdite en France et, lorsqu’elle se fait à l’étranger, n’est toujours pas entièrement reconnue par la loi.

Comme toujours Pauline Bureau s’appuie sur un gros travail documentaire qu’elle sait admirablement incarner dans des personnages auxquels on s’attache et que l’on suit avec empathie. Rien de théorique mais le récit d’un parcours de vie, celui de Liz et Alex. Ils se sont rencontrés par hasard dans un aéroport où ils étaient bloqués par la neige. Ils se sont plu, se sont aimés, ont souhaité avoir un enfant mais les hasards de la vie ont compliqué les choses. Liz ne pourra plus porter un enfant. Le recours à la GPA est devenu la seule solution. Mais est-ce si facile à accepter par Alex ou par les parents de Liz, combien cela coûte et comment s’y prendre ? Pourtant dans leur cas, les choses sont facilitées par le fait que la sœur de Liz travaille dans une clinique de San Francisco et a une collègue Rose qui pourrait porter leur enfant, la GPA étant légale aux États-Unis.

La mise en scène de Pauline Bureau et la scénographie d’Emmanuelle Roy, sa complice depuis longtemps, sont virtuoses. Deux étages superposés, celui du haut, international où se situe l’aéroport et les scènes à la clinique de San Francisco, en bas la France avec l’appartement du couple et les cabinets des médecins, car la mort rôde aussi dans cette histoire. En bas on est dans un décor concentrique où les pièces peuvent s’imbriquer les unes dans les autres, permettant de passer d’un espace à l’autre très rapidement. De nombreux lieux, dix-huit personnages joués par dix acteurs, quelques dialogues en arabe, car Liz propose des toits végétalisés à des clients étrangers, et surtout en anglais, puisque Rose est américaine. Pauline Bureau, comme d’habitude travaille avec sa Compagnie La part des anges. Les acteurs sont excellents et on ne peut les citer tous ici. Mais on peut retenir Marie Nicolle qui incarne Liz, révoltée par ce qui lui arrive, angoissée par la peur de mourir, mais décidée à aller de l’avant dans le choix de la vie ou Nicolas Chupin, son compagnon Alexandre, marionnettiste qui donne vie à des personnages inanimés, un cadeau que fera Liz au médecin qui l’a accompagnée vers la survie. Martine Chevallier fait le grand écart entre le rôle de la chirurgienne pleine d’empathie, qui sait trouver les mots pour parler de la maladie et de la vie, et le rôle de la mère de Liz, maladroite dans ses jugements a priori, mais qui se transforme. Tous nous propulsent dans la vie d’un couple de jeunes actifs d’aujourd’hui, avec ses moments de doute, ses petites disputes, les relations avec des parents parfois exaspérants, sans parler des blocages administratifs, mais unis par un amour très fort et un désir de vie qui leur permet de passer les obstacles. C’est parfois drôle, parfois un peu triste comme dans la vie, mais il y a une énergie, un optimisme, une générosité qui mène à la joie.

Et si la GPA pouvait être un acte généreux fait pour autrui ? C’est la question que nous pose Pauline Bureau.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 17 octobre au Théâtre de La Colline – 15 rue Malte Brun, 75020 Paris – Réservations : 01 44 62 52 52 – du mercredi au samedi à 20H30, le mardi à 19h30, le dimanche à 15h30

Nombreuses dates de tournée jusqu’en avril à retrouver sur le site de la compagnie : 25-26 novembre Le Bateau Feu, Dunkerque – 5 et 6 janvier Les Quinconces au Mans – 20 et 21 janvier le Volcan au Havre – 28 et 29 janvier au Théâtre des Arts à Chalon-sur-Saône, etc.

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