
Simone revient d’une de ses nombreuses missions. Elle retrouve son compagnon Erik à qui son emploi de traducteur et d’éditeur permet de télétravailler et de s’occuper des enfants en l’absence de Simone. Ils se pensent un couple d’avant-garde. Pourtant chaque mot échangé entre eux apparaît à l’autre maladroit et les malentendus s’accumulent. Erik commence à avoir le sentiment d’échouer et d’être dans une impasse. Simone ne supporte plus le poids de son chef et considère que son travail et sa position hiérarchique ne correspondent plus à ses attentes. Tout à coup la pièce va inverser les rôles. Les choses vont-elles aller mieux pour autant ?
Marius von Mayenburg interroge jusqu’à l’absurde ce qui lie un couple et ce qui le délie au gré des petites remarques anodines qui blessent l’autre. Utilisant la situation de plus en plus fréquente où l’un des deux partenaires se consacre à sa vie professionnelle tandis que l’autre la met en veilleuse pour s’occuper des enfants, il révèle à coup d’inversion des rôles un schéma de frustrations et d’incompréhensions qui se répète.
Le metteur en scène Robin Ormond a placé sur la scène un amoncellement de paquets cadeaux non déballés, tous ceux que Simone a rapporté à Erik de ses missions, auxquels vient s’ajouter le dernier en date, qui va être le déclencheur des hostilités. Un appel téléphonique et un passage au noir ultra-rapide vont plusieurs fois déclencher l’inversion des rôles.
Les deux interprètes, Assane Timbo et Marilyne Fontaine font assaut de remarques qui pourraient être anodines mais déclenchent chez l’autre une hostilité violente. Le visage de Marilyne Fontaine exprime toutes les déceptions et les rancœurs de sa carrière professionnelle et Assane Timbo la frustration liée à ses échecs. La violence des échanges ne laisse à ce couple qu’un champ de ruines.
La pièce signe, avec une certaine noirceur et beaucoup d’humour, non seulement la défaite de l’espoir d’une répartition des rôles plus égalitaire dans les couples mais aussi entre hommes et femmes dans les entreprises. On rit en grinçant des dents.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 4 janvier au Théâtre La Scala, 13 bld de Strasbourg, 75010 Paris – les vendredis et samedis à 21h15, le dimanche à 15h15 – Réservations : 01 40 03 44 30 ou https://lascala-paris.fr
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