Mathieu Bauer nous entraîne dans une joyeuse réflexion sur nos origines, dans le monde des chasseurs-cueilleurs du paléolithique, et sur les dérives qui nous ont ensuite conduits à être de plus en plus coincés.

Un vieux professeur déprimé vient de décider qu’il faut renoncer à ouvrir le musée sur lequel son équipe travaillait. Son assistant, un jeune homme plein de ressources, et une jeune documentaliste, peu au fait de l’histoire mais dynamique et soucieuse de dépoussiérer tout cela, vont le pousser à poursuivre le projet. Ils soulèvent une foule de questions sur le passage d’une société de chasseurs-cueilleurs à la sédentarité, à la naissance de l’agriculture, de l’accumulation et au développement des inégalités. Ce faisant ils ouvrent nombre de pistes de réflexion.

Mathieu Bauer s’est intéressé aux sociétés de chasseurs-cueilleurs vivant dans une époque qui démarre au paléolithique supérieur, 35 000 ans avant notre ère pour se terminer au néolithique, 6 500 ans avant notre ère avec l’apparition de l’agriculture et de la sédentarité. S’appuyant sur les écrits anthropologues et de sociologues, comme Pierre Clastres ou Marshall Sahlins, il dresse un portrait très idyllique des sociétés du paléolithique où nos lointains ancêtres auraient vécu une vie libre, simple et festive où le travail n’occupait que trois à quatre heures par jour et où l’enrichissement n’était pas au programme. Dans sa leçon d’histoire sociologico-économique, Mathieu Bauer en profite pour glisser des passages sur tout ce qu’implique l’apparition des chefs, avec l’accumulation de richesses, d’objets de prestige, la soif de domination et les guerres. Il signale aussi la disparition des femmes dans l’histoire avec humour (y avait-il des femmes à l’atelier silex ?) !

Comme toujours il mêle théâtre, musique et vidéo. Le plateau est un espace un peu foutraque qui évoque un chantier de fouilles archéologiques avec un échafaudage où s’est réfugié le professeur et un environnement de stalagmites évoquant les grottes où s’abritaient nos ancêtres. Des vidéo tracent les âges de formation de la terre, les âges de l’humanité jusqu’à l’apparition de l’homo sapiens, des collections de silex. On passe des habits d’aujourd’hui, au début, à des costumes tout à fait loufoques, pantalons et robes en poils !

Le spectacle est drôle et riche, mais on s’y perd un peu. On avance, on recule, on brasse une multitude de sujets et on peut douter de la conclusion : devant le blocage de nos sociétés « on pourrait chercher son avenir dans ce passé », revenir aux origines. Toutefois on ne s’ennuie pas grâce au talent des interprètes, deux acteurs (Romain Pageard et Gianfranco Poddighe) et une actrice-chanteuse (Emma Liégeois), ainsi que 3 musiciens (Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny et Lawrence Williams qui signent la composition musicale qui va de la chanson au jazz en passant par le rock).

Micheline Rousselet

Jusqu’au 1er avril au Théâtre de Montreuil, salle Maria Casarès, 63 rue Victor Hugo, 93100 Montreuil – du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h – Réservations : 01 48 70 48 90 ou theatrepublicmontreuil.com

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