Théâtre : orchestre Titanic

Quatre paumés, un ex-chef d’orchestre et son amie, un ex-cheminot et un ex-montreur d’ours, sur le quai d’une gare désaffectée, attendent l’arrêt hypothétique d’un train qui les emmènerait ailleurs, loin des tentes et de la benne à ordures qui leur servent d’abris. Tout en buvant les fonds de bouteilles que les passagers des trains jettent par la fenêtre, quand ils ne les assomment pas avec, ils espèrent. Et quand surgit, venu de nulle part, le magicien Hari Houdini, ils se retrouvent encore plus perdus et ils ne savent plus ni où ils sont, ni qui ils sont, ni où ils vont. L’arrivée du magicien trouble un peu la direction prise au début et nous entraîne dans une dimension plus absurde.

Théâtre : orchestre Titanic
Théâtre : orchestre Titanic

C’est le dramaturge bulgare Hristo Boytchev qui a imaginé ce quatuor façon Marx Brothers, burlesque, déjanté, asocial, des ivrognes invétérés oubliés dans un lieu désolé, qui regardent passer le progrès et la richesse. On pense à Beckett et ses personnages qui attendent Godot. Eux aussi attendent, ils sortent en courant de leur tente ou de la benne à ordure et se préparent valise à la main chaque fois qu’un train s’annonce. Mais quand un train finit par s’arrêter, l’illusionniste qui en débarque ne leur apporte aucun progrès. Au contraire il fait vaciller leurs maigres certitudes.

Philippe Lanton a placé les personnages dans un décor de no man’s land jonché d’ordures, où ne manque pas le caddy de supermarché rempli de bouteilles vides. Méto l’ex-chef d’orchestre (Philippe Dormoy), qui se dit aussi diplômé de philosophie, organise l’assaut du train espéré avec un esprit de chef. Bernard Bloch est Louko, le cheminot qui imagine le trajet des trains qui passent, qui sillonneront l’Europe jusqu’à Vancouver, San Francisco et New York ! Celui que l’on retient surtout c’est Doko, qui pleure son ourse, une ourse qui est morte d’amour pour lui affirme-t-il, tandis que Méto lui assène qu’elle est morte de faim parce qu’il préférait s’acheter à boire plutôt que de lui acheter à manger. Christian Pageault fait de Doko un homme profondément émouvant, attaché à l’ourse qui a partagé sa vie, qui se désespère de rester seul, qui subit et ne comprend plus rien à cette vie.

On est dans le burlesque, mais en même temps ces personnages posent des questions existentielles bien réelles. La pièce est originale et mérite d’être découverte.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h

Théâtre de l’Aquarium

Cartoucherie

Route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 74 99 61

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