Théâtre : Oncle Vania fait les 3 huit

Une usine implantée depuis trois générations dans le Limousin et dans un local à cet effet, un atelier théâtre où des employés de « l’entreprise de robinetterie Dieuleveut » répètent la pièce qu’ils joueront comme ils le font chaque année, au mois de juin, devant leurs camarades.

La troupe est composée d’un seul cadre, la comptable. Les six autres sont des ouvriers des deux sexes travaillant sur les chaînes.

Au groupe s’est joint un prêtre-ouvrier, (peut-être le dernier de la région) et une jeune fille nouvellement arrivée de sa province dont c’est le premier emploi.

Cette année, ils ont choisi de jouer « Oncle Vania ».

Alors que l’apprentissage et le maniement du texte de Tchekov s’avère plus difficile que prévu, le quotidien de chacun vient doucement s’immiscer dans le cours des répétitions.

Et lorsque la nouvelle de licenciements massifs et de la possible fermeture de l’usine fait irruption dans leur vie, c’est la pièce de Tchekov qui entre en résonance avec la crise que traverse le monde en ce début de siècle.

A la tentation de tout abandonner dans un premier temps, succédera dans la troupe la décision de poursuivre et le théâtre s’avérera le moyen de tenir, d’avancer ensemble et de traverser la difficile période qui s’engage.

Théâtre : Oncle Vania fait les 3 huit
Théâtre : Oncle Vania fait les 3 huit

En fond de scène, un rideau coupe-vent à lamelles perméable au tumulte du monde, quelques chaises et une table font de cette salle de répétition un espace impersonnel.

Dans une successions de petites scènes ponctuées de musique (R’n’B, rock russe-Oncle Vania oblige) et de petits verres d’eau de vie de prune, la parole des sept personnages va petit à petit se libérer et nous émouvoir.

Bien interprétée par une troupe de comédiens complices, la pièce sans être didactique, nous émeut et nous donne à réfléchir sur nos lendemains incertains et sur le pourquoi de notre présence au théâtre.

La peinture de ce petit groupe travaillant pour une entreprise « familiale » avec tout ce que cela comporte de paternalisme, est juste et touchante .La complicité qui unit les ouvriers, l’intérêt qu’ils se portent sonnent juste et les scènes de répétition de la pièce sont saisissantes de naturel, de rythme et de drôlerie.

Seul les monologues qui sont sensés rompre avec le ton enjoué général n’atteignent pas toujours leur but et la tonalité lyrique de ces moments-là créée quelquefois une légère dissonance.

Mais la bonne humeur persiste et le plaisir domine…

Francis Dubois

Théâtre de Belleville 94 Rue de Faubourg du Temple.

Réservations (partenariat Réduc’snes  :tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 48 06 72 34

www.theatredebelleville.com

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