Deux commissaires d’exposition ou galeristes visitent à leur manière, enthousiaste et burlesque, l’art contemporain, ce qui les conduit parfois à quelques retours en arrière dans le temps. On va donc rencontrer des artistes que l’on s’amusera à reconnaître, Warhol, Klein, Pollock, Soulages, César ou Lichtenstein, mais aussi d’autres tout à fait imaginaires, tout comme les courants cataclystique et Yoplaboumiste ! Les deux personnages parlent de l’art contemporain, en montrent, s’enthousiasment, épousent l’air du temps, s’interrogent ou répondent aux critiques. Des questions surgissent sur le beau, la valeur des œuvres, la légitimité de ces productions. Les sentiments qu’elles suscitent, émotion ou rejet véhément, regret de l’ancien et exaspération face à ces créations s’affichent clairement.

Théâtre : On s'en fout qu'ça soit beau
Théâtre : On s’en fout qu’ça soit beau

La mise en scène astucieuse donne à voir. La construction délirante de chaises accumulées, que le public va être appelé à déconstruire, comme «un artefact fonctionnel transcendé par la volonté de l’artiste» (!) laisse place à une sorte de grande boîte où sont posés des objets renvoyant aux natures mortes de Cézanne et où vont se faire les œuvres, les boîtes de soupe de Warhol ou l’étalage de peinture noire à la Soulages, par exemple. Sandrine Baumajs et Rafaël Batonnet sont les deux commissaires d’exposition, avec le ton snob des vernissages, les phrases laissées en suspens pour en révéler une pseudo-profondeur, le langage ésotérique et d’autant plus creux qu’il est abscons. Ils sont très bons dans ce numéro. Jean-François Maurier, qui les a mis en scène, s’est attribué le rôle de l’assistant qui installe, mais qui n’en pense pas moins et glisse quelques lieux communs du bon sens populaire. C’est bien observé et l’on rit beaucoup à les écouter et à les voir «créer les œuvres». La limite de l’exercice est que la distance amusée qui est la tonalité de la pièce débouche sur un point de vue plutôt conservateur sur l’art contemporain présenté un peu comme une imposture. Il n’empêche que si cela manque un peu de finesse, des souvenirs de visites de galeries ou de vernissages affluent, on rit beaucoup et le public participe avec joie.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 21h

Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre Dame des Champs, 75006 PARIS

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 45 44 57 34


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