Novecento est un conte qui nous entraîne sur un paquebot transatlantique, à la rencontre de Novecento, né et abandonné sur le piano de la salle de bal du bateau, devenu un musicien de génie et qui renoncera à tout jamais à mettre pied à terre, car, « alors que sur un piano il n’y a que quatre-vingt huit notes, dans la ville elles sont infinies ». Le très beau roman d’Alessandro Baricco a séduit André Dussolier, qui l’a mis en scène et interprète le narrateur, un trompettiste fasciné par Novecento.
On est sous le charme du conteur et il lui suffit de presque rien pour nous emmener dans son voyage, une malle, une passerelle, en vidéo de fond de scène un gros plan sur les plaques rivetées de la coque d’un navire, sur les tuyaux de la salle des machines ou sur la skyline de New-York. La voix d’André Dussolier ouvre sur l’imaginaire et compose un portrait surprenant et poétique du petit monde du paquebot avec de l’amitié, de l’empathie, de l’humour, de la mélancolie, de la compétition aussi. Il parle, il se tait, il se déplace de la passerelle au côté du piano, il tangue au rythme des tempêtes, on l’imagine bien aux côtés de Novecento, cet homme capable de résister aux pressions pour rester lui-même. Il sert avec splendeur le texte d’Alessandro Baricco.
Novecento vit au tournant des années vingt et trente et il entend aussi bien Debussy que du jazz venu des États-Unis. Il écoute, il s’approprie ce qui se joue dans les salons des premières classes comme la musique des immigrants ou le ragtime des troisièmes classes et il invente, ne jouant pas « que les notes normales », comme le lui demande le chef ! André Dussolier a choisi, et l’on y prend un très grand plaisir, de laisser de l’espace à la musique, au jazz cette musique dont le texte dit avec humour « quand on ne sait pas ce que c’est, c’est du jazz ». Elle s’immisce dans le texte, elle raconte le passage du temps, les moments forts de l’histoire. Une petite formation, avec Elio di Tanna excellent au piano, Sylvain Gontard à la trompette, Michel Bocchi à la batterie et Olivier Andrès à la contrebasse apporte la couleur musicale qui imprègne le roman. C’est un magnifique spectacle que nous propose André Dussolier, qui a d’ailleurs reçu le Molière du meilleur comédien pour ce rôle en 2015.
Micheline Rousselet
Du 1er septembre au 1er octobre à 21h, le dimanche à 15h. Relâche le lundi et le 12 septembre
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 95 98 21
Reprise à partir du 6 octobre au Théâtre Montparnasse
31 rue de la Gaité, 75014 Paris
Réservations : 01 43 22 77 74
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