La comédienne Catherine Salviat, bercée depuis l’enfance par la littérature et la culture russes, a souhaité faire vivre sur scène Tchekhov, qui fut non seulement le plus grand dramaturge russe mais aussi un homme à la personnalité attachante, un médecin sensible à la pauvreté et aux souffrances du petit peuple russe. On se souvient que son rapport sur les conditions terribles dans lesquels vivaient les bagnards, sur l’île de Sakhaline en Sibérie, entraîna quelques réformes et que, plus tard, lui-même utilisa une partie de ses recettes théâtrales pour améliorer la condition des paysans, dans la région près de Moscou où il avait acquis une propriété.
Sur une table, une rose et un portrait du dramaturge. La comédienne se saisit d’un gros cahier ou de lettres et nous offre un patchwork d’extraits du journal de Tchekhov, de ses lettres, en particulier celles à Olga, l’actrice qu’il épousa peu avant sa mort, de ses nouvelles, de ses courtes pièces et de quelques très brefs passages de ses grandes pièces, La mouette, Oncle Vania, la Cerisaie .
On peut d’ailleurs regretter ces références aux grandes pièces, trop brefs pour être éclairants et surtout impropres à restituer l’émotion qui devrait étreindre le spectateur. La plainte de Sonia, la nièce de Vania, que celui qu’elle aime ne remarque même pas, si déchirante quand on l’entend intégralement, devient ici insignifiante.
Par contre quand elle lit le journal ou les lettres de Tchekhov, quand elle récite un poème de Pouchkine ou chante une chanson en russe, elle nous enchante. L’humour et la sensibilité de Tchekhov explosent à chaque page du journal ou des lettres qu’elle nous lit. Elle ne nous épargne pas ses doutes sur son talent comparé à celui de Tolstoï ou de Pouchkine et sur la médiocrité des comédiens qui le jouèrent au début. Ils ne comprenaient rien à son théâtre, ne connaissaient pas leur texte et déclamaient alors qu’il aurait voulu du naturel et de la simplicité. Fours et succès se succèdent parfois en quelques jours. Ce n’est que lorsqu’il rencontra les créateurs du théâtre d’art (Stanislavski et Nemirovitch-Dantchenko) qu’il trouva des acteurs capables d’épouser les fines observations des sentiments dont il avait le secret et qu’il fit la connaissance d’Olga qui fut une merveilleuse Arkadina dans La Mouette .
Catherine Salviat nous fait rire, nous émeut et nous serre le cœur avec celui qui disait « À 20 ans, nous sommes tous des héros, à 30 ans nous sommes déjà fatigués » et qui mourut de tuberculose à 44 ans après avoir bu, en compagnie de sa femme, un dernier verre de champagne.
Micheline Rousselet
Mardi à 20h, mercredi et jeudi à 19h, vendredi à 20h30, samedi 18h et 20h30, dimanche à 16h. Relâche le lundi et les 6, 26, 28 et 29 juillet puis 10 et 11 août
Artistic Théâtre
45 bis rue Richard Lenoir, 75011 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 56 38 32
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