En 2015 Jean-Claude Gallotta avait enthousiasmé le Rond-Point avec My rock . Il avait souhaité faire se croiser sur la scène le rock et la danse contemporaine. Cette fois il rend hommage aux femmes rockeuses, de la pionnière Wanda Jackson à la flamboyante Tina Turner, de la jeune adolescente Brenda Lee à la punk Nina Hagen, des plus connues comme Marianne Faithfull aux moins célèbres comme Lizzy Mercier Descloux, de celles qui ont connu des carrières longues comme Joan Baez à celles mortes trop tôt comme Janis Joplin. Elles ont essuyé les quolibets, comme Brenda Lee, traitée de naine, ou Wanda Jackson qualifiée de « succube en délire », mais ont osé sortir du rôle qu’on leur avait trop souvent assigné, celui d’adoratrice ou de muse, pour endosser le costume de la révolte, de l’excès, du sexe et de la drogue.
Tandis que My rock s’organisait autour de duos, Jean-Claude Gallotta qui a recréé sa compagnie, le Groupe Émile Dubois, propose toutes sortes de déclinaisons, des duos, des trios, des quartets, des quintets, jusqu’à dix ensemble. La variété des costumes est tout aussi grande : minijupes, pantalons moulants ou pattes d’éléphant, escarpins ou ballerines, noir ou couleurs vives, sobriété ou débauche de paillettes.
Une voix off présente chacune des quatorze chanteuses retenues tandis qu’en fond de scène des photos d’elles, souvent en noir et blanc défilent créant une atmosphère un peu nostalgique et que sur scène, dans la pénombre, les danseurs évoluent lentement. Quand la voix de la chanteuse s’élève, les danseurs s’élancent dans la lumière, la danse bouillonne d’énergie ou se laisse aller à une langueur sensuelle sur la voix de Marianne Faithfull chantant Sister morphine. La nostalgie de Joan Baez, chantant Swing low sweet chariot en hommage à Janis Joplin qui venait de mourir à vingt-sept ans fait place aux provocations sexuelles de Nina Hagen. Et avec Tina Turner s’élève le rêve que les entraves à la liberté des femmes soient définitivement arrachées et « qu’elles soient désormais le présent de l’homme » Cette conclusion est à l’image de la générosité de la danse dessinée par Jean-Claude Gallotta, servie par des danseurs magnifiques, énergiques et rayonnants de plaisir qui entraînent l’enthousiasme du public.
Micheline Rousselet
Du mardi au dimanche à 18h30, relâche les lundis et les 21 et 28 janvier.
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 95 98 21
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu