Une boule à facettes qui tourne, trois danseuses en robe moulante lamée, noire, rouge, verte et la musique qui pulse saluent l’arrivée de Ludmilla Dabo, icône de cabaret en robe lamée or, perruque blonde choucroutée, maquillée comme une voiture volée, lèvres pulpeuses et bijoux scintillants. Mais voilà, elles n’ont plus la pêche, la vie leur apparaît comme un circuit où l’on tourne sans fin. La fatigue les envahit, coupe leur élan. Elles auraient plutôt envie de se dorloter avec ces soins vantés par les publicités ou de se laisser tomber sur un canapé devant la télé avec à portée de main des nourritures interdites, mais si attirantes, du saucisson ou des rillettes par exemple, sans compter des remontants alcoolisés !

Ludmilla Dabo, comédienne et chanteuse que l’on a admirée dans Portrait de Ludmilla en Nina Simone et dans la comédie musicale de David Lescot, Une femme se déplace, a la chance de travailler beaucoup, trop peut-être, d’où l’envie de parler de la fatigue qui gagne, des doutes, des angoisses. Lui est alors venue en mémoire la chanson My body is a cage de Peter Gabriel « Je me tiens sur une scène, de peur et de doute de soi, c’est une représentation insignifiante, mais ils applaudissent quand même ». Pour son « fatigue circus », comme elle le nomme, elle a choisi des femmes car elles sont plus piégées que les hommes par les soucis du quotidien et la pression sociale. Elles vont lâcher prise, abandonner leurs tenues étincelantes et les éventails en plumes d’autruche, apparaître libres en robes souples qui épousent leurs formes. Finie la comédie musicale à l’américaine, place à l’émotion avec une chanson congolaise, chantée a cappella.

Le propos est ténu et un peu répétitif, mais l’ensemble formé par les trois comédiennes-chanteuses, Alvie Bitemo, Malgorzata (Gosia) Kasprzycka et surtout Anne Agbadou Masson est homogène. Aleksandra Plavsik qui a écrit la partition musicale et joue de la guitare s’avère meilleure musicienne que comédienne. C’est dommage, mais heureusement il y a Ludmilla Dabo qui, avec sa voix puissante, apparaît comme une meneuse de jeu idéale pour ce cabaret si particulier.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 3 octobre au Théâtre de la Tempête – Cartoucherie, Route du Champ-de-Manoeuvre, 75012 Paris – Réservations : 01 43 28 36 36 ou www.la-tempete.fr – du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30

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