Une vidéo des funérailles nationales de Colette ouvre malicieusement le spectacle avec sa voix au fort accent bourguignon avant de nous faire remonter le temps. De l’écolière de Saint Sauveur en Puisaye à son mariage avec un dandy parisien Willy qui la pousse à écrire en parsemant sa prose de quelques passages un peu lestes et n’hésite pas à signer de son propre nom les Claudine. Quand elle s’en libère elle n’hésite pas à paraître à demi-nue sur scène, il faut bien gagner sa vie ! Elle se moque d’être scandaleuse, elle écrit et assume ses amours avec des femmes ou avec des hommes y compris avec son beau-fils de trente ans son cadet. Féministe, mais à sa façon toute personnelle, écrivaine populaire, mais prétendant qu’elle aime plus la nature que la littérature, grande amoureuse à coup sûr.

Cléo Senia à la fois actrice et passionnée par l’univers du music-hall s’est sentie proche de l’univers de Colette. Prête elle aussi à bousculer les genres, elle n’avait pas hésité à se produire dans un numéro d’effeuilleuse à la croisée du strip-tease et de la danse avec un petit crochet vers le burlesque. Aidée par Alexandre Zambeaux, elle s’est donc lancée dans l’écriture de ce qui n’est pas un biopic mais plutôt une évocation tendre et drôle de l’écrivaine.

Léna Bréban est devenue sa complice pour la mise en scène, jouant des ombres chinoises, des silhouettes de carton peint où l’on peut glisser sa tête utilisées sur les scènes de théâtre à l’époque de Colette, mais aussi de toutes les possibilités qu’offre aujourd’hui la vidéo. La maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye apparaît, l’image de Claudine se multiplie en tenue de collégienne et dialogue avec Cléo, jusqu’au moment où Colette congédie cette Claudine qui disparaît de l’écran. Sido est dans un coin personnifiée par une grande robe pourpre.

Cléo Senia se transforme en Colette racontant sa vie avec humour, mais elle reste aussi l’actrice d’aujourd’hui s’interrogeant sur son art et les réactions du public et dénonçant les positions les plus discutables de l’écrivaine. De longues nattes et un costume d’écolière, avec col claudine bien sûr, la transforment en Claudine, mais déjà coquine elle soulève un peu sa jupe pour montrer ses cuisses. Vêtue à l’égyptienne d’une mini jupette de perles et d’un collier qui laisse entrevoir ses seins, elle chante, danse, s’évente avec de grands éventails de plume qui révèlent plus qu’ils ne masquent son corps et n’hésite pas à descendre dans la salle pour transformer un spectateur en partenaire.

Elle proclame « je suis Colette, vive les tétons, vive la Bourgogne et vive la liberté ».

Légère, passionnée, sensuelle, incandescente, elle dresse un superbe portrait de femme libre.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 30 mars au Théâtre Tristan Bernard, 64 rue du Rocher, 75008 Paris – du jeudi au samedi à 19h – Réservations : 01 45 22 08 40 ou theatretristanbernard.fr

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