Á Paris Eraste et Julie sont épris l’un de l’autre, mais Oronte le père de Julie a décidé de la marier avec un riche gentilhomme limousin, Monsieur de Pourceaugnac. Pour faire échouer ce projet une entremetteuse au service de Julie, une gredine, et le valet d’Eraste, un vaurien napolitain, vont imaginer une série de stratagèmes qui vont faire du séjour parisien de Monsieur de Pourceaugnac un vrai cauchemar et pousser Oronte à renoncer à son projet.
Pour présenter cette comédie-ballet de Molière sur une musique de Lully, créée à Chambord en 1669, le Théâtre de l’Éventail, compagnie orléanaise bien connue, s’est associé à l’Ensemble musical La Rêveuse, spécialiste de la musique du XVIIème et XVIIIème siècle, lui aussi largement reconnu dans le monde de la musique. Dans cette pièce la musique a un rôle important. Elle n’intervient plus comme un intermède mais s’insère dans l’action et participe au comique. Quant à la danse, les acteurs ont travaillé avec une danseuse coréenne Namkyung Kim, que l’on a pu voir avec James Thiérée par exemple. Cela donne par exemple un Pantalon hilarant tant par son jeu que par ses déplacements.
C’est un esprit comedia dell’arte, à la fois très fidèle à ce qu’était la pièce à sa création et en même temps modernisé, qui va imprégner le spectacle. Á l’exception des deux amoureux et de Monsieur de Pourceaugnac, les personnages portent des masques et des costumes qui créent des effets de démesure et de surprise. Au total vingt-cinq masques, longs nez pour les médecins, grimaçant et fourbe pour le valet napolitain, quatre petites marionnettes napolitaines et une marionnette géante à la fin, qui renvoie au Roi Carnaval, tout cela crée une atmosphère de carnaval imprégnée de tromperie fort réjouissante. Sur scène cinq musiciens (un clavecin, 2 violons, une viole de gambe et un théorbe) et trois chanteurs soutiennent les acteurs voire se mêlent à l’action. Les saillies de Molière contre les médecins ou les petits nobliaux de province, qui se piquent d’être à la mode, deviennent encore plus piquantes et drôles, servies par le travail sur les gestes et la danse. Celui-ci révèle aussi la face sombre des personnages car ce n’est pas de moquerie gentille qu’il s’agit ici, mais de mise en pièce d’un provincial, certes un bouffon ridicule qui se pique de manières de Cour, mais qui n’en demandait pas tant.
C’est un spectacle drôle, surprenant, éblouissant que nous offrent ces deux compagnies et les scolaires comme les adultes présents dans la salle leur ont offert, à juste titre, une belle ovation.
Micheline Rousselet
Le vendredi à 20h30, le samedi à 16h et 20h30, le dimanche à 16h
L’Épée de Bois
La Cartoucherie, Route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 48 08 39 74
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