C’est la vie qui va entre Moman et son fils unique et préféré Louistiti. Comme tous les enfants il pose des questions en rafale, enfile comme des perles les « j’ai faim », « j’m’ennuie », « j’peux pas dormir ». Il interroge Moman sur la guerre mais aussi sur son père, aux abonnés absents, qui aurait oublié de payer « l’électrique » si bien que la télé ne marche pas et que la mère sert du riz froid, mais dit-elle c’est comme ça qu’on le mange en Chine où bon appétit se dit tchin-tchin ! Dans ce petit monde, une maman peut avoir le « blouse » et boire du « chasse-cafard », un enfant dire « j’veux pas y aller à l’école, j’y étais déjà hier », façon de dire que la petite fille dont il était amoureux l’a, avec son cœur de pierre, envoyé promener et que la maîtresse n’est pas très gentille.

Jean-Claude Grumberg a écrit d’une plume vive, alerte, piquante ce dialogue d’une tendresse et d’un humour merveilleux. Les questions de Louistiti ont la fraîcheur de l’enfance et ses réponses sont d’une logique imparable. Les répliques de Moman sont à l’unisson. Que répondre à la question « tu dors ? » sinon « Non j’fais du vélo ! »

La mise en scène de Noémie Pierre, Clotilde Mollet et Hervé Pierre est simple, précise et délicate à l’image de ce texte. Un jeu de rideaux suffit à laisser imaginer l’univers des deux personnages ou devient couverture de lit sous lequel tente de dormir Moman en dépit du feu d’artifice de remarques et de questions dont la bombarde Louistiti. Un petit air sifflé et un simple échange de vêtements permettra aux deux personnages d’échanger leurs rôles car la vie continue.

La pièce est servie par deux acteurs magnifiques. Dans le personnage de la mère que campe Hervé Pierre, avec sa blouse, on sent parfois la rudesse des problèmes financiers mais aussi la tendresse des chatouilles et des câlins et surtout l’humour et la gouaille des milieux populaires. Clotilde Mollet parvient à être l’enfant et il faut un énorme talent pour y parvenir comme elle le fait. Sur sa chaise, devenue lit dans notre imagination par la grâce d’une couverture, elle suce son pouce en tournant une mèche de cheveux et en réfléchissant à la prochaine question qu’elle va poser à sa Moman.

Une petite merveille de tendresse et d’humour dont les spectateurs sortent l’œil ému et grand sourire aux lèvres.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 19 juin à La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris – les mardis et mercredi à 21h30, le mercredi à 14h – Réservations : 01 40 03 44 30 ou www.lascala-paris.fr

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