En mai 1981, Hervé, un vieux garçon solitaire depuis que Madeleine l’a quitté, ne s’est pas contenté d’accrocher en bonne place dans son bureau, un portrait de François Mitterrand. Il lui a écrit une lettre de félicitations sur un ton amical, presque familier.
Dans les semaines qui ont suivi il a reçu du secrétariat de l’Elysée, une lettre circulaire mais qu’il a interprétée comme un message personnalisé. Encouragé par le ton amical qu’il a cru lire dans la réponse, il a récidivé et chaque nouvelle réponse qu’il a reçue lui est apparue encore plus chaleureuse.

Et c’est ainsi qu’au fil des présidentielles, il est passé de François Mitterrand à Jacques Chirac, avec un peu plus de réserve à Nicolas Sarkozy puis, sans grand enthousiasme, à François Hollande communiquant à l’un un texte de chanson à l’attention de Carla Bruni et à l’autre un scénario auquel la productrice de cinéma Julie Gayet ne manquerait pas d’être sensible….

Il ira jusqu’à organiser chez lui, pour le centenaire de la naissance de François Mitterrand, une petite fête à laquelle seraient conviés tous ses « présidents-amis » et Madeleine qui allait être bien surprise, elle qui reprochait à Hervé d’avoir tendance à la mythomanie….

Hervé Le Tellier, membre de l’Oulipo, grand Prix de l’humour noir en 2013, romancier, poète, pilier de l’émission « Des papous dans la tête » a écrit avec « Moi et François Mitterrand » l’histoire à la fois drôle et poignante d’un individu banal, second couteau à vie, à qui sa mythomanie permet d’échapper à la monotonie de l’existence et de trouver, par le biais de son imagination, une place dans l’Histoire.
Un personnage de candide que relaient de façon savoureuse l’interprétation d’Olivier Broche, ex- membre des Deschiens chez Deschamps-Makeïeff et la mise en scène inventive et malicieuse de Benjamin Guillard.
Le texte rebondit sans cesse et quand le monologue est désopilant, on ne perd jamais de vue l’arrière-plan, le côté pathétique du personnage et on prend la mesure de la profonde solitude d’un être malchanceux qui a trouvé un moyen de garder la tête hors de l’eau.

Le portrait n’est jamais grotesque, jamais ridicule. Il est drôle de naïveté, de candeur et peut-être d’une lucidité qui fait, qu’en arrière-plan, il n’est pas dupe de la supercherie.

L’écriture est subtile et le spectacle n’a d’autre prétention que de nous offrir une comédie savoureuse, l’occasion de passer un moment de théâtre divertissant…Il y réussit pleinement.

Francis Dubois

Théâtre du Rond-Point 2 bis avenue Franklin Roosevelt Paris 8ème

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) 01 44 95 98 21 / www.theatredurondpoint.fr

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