« Mes chers enfants »

Elle est veuve, mère et grand-mère. Les enfants ont grandi, ils oublient de plus en plus le rituel repas dominical ou bien ils ont autre chose à faire. Alors elle leur écrit. Et puis elle décide de partir, au bord de la mer comme elle l’avait envisagé avec Pierre, son mari. Elle s’installe à Ouistreham, elle y fait des rencontres, elle se sent libre, vivante, elle peut encore plaire et elle peut agir en se conformant à ses valeurs d’égalité et de solidarité. Elle continue à écrire à ses enfants. Elle constate l’éloignement inévitable avec eux, elle les interpelle moqueuse, s’interroge sur ce qu’ils sont devenus et leur parle de sa vie à Ouistreham. Elle signe ses lettres au gré de son humeur « maman mendigote », ou « maman charitable » ou « maman nostalgique » ou « maman rebelle ».

Le texte de Jean Marboeuf est élégant, avec ce qu’il faut d’humour, de lucidité sur la vie qui passe, les enfants qui s’éloignent. Il peint une femme qui refuse de se noyer dans la nostalgie, qui se laisse emporter par l’ivresse du vent, reste fidèle à ses idées de jeunesse et aime la vie.

Anny Duperey, en élégante tenue d’intérieur, incarne cette femme, cahier de lettres à la main. Sur fond bleu ou rouge ou noir quelques traits blancs suffisent à signer le décor, Tour Eiffel et toits de Paris, phare et cabines de bain de Ouistreham. Une vidéo nous la montre partant en train pour Ouistreham ou marchant légère et dansante sur la plage. Un peu nostalgique ou gentiment moqueuse, lucide et déterminée, elle est cette femme, forte et fragile à la fois, qui empoigne la vie avec gourmandise.

Micheline Rousselet

À partir du 1er septembre au Théâtre de Passy – 95 rue de Passy, 75116 Paris – du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 16h 

Réservations : 01 82 28 56 40 ou www.theatredepassy.com