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Cela commence dans le tumulte d’une soirée de carabins bien arrosée. Marie s’apprête à fêter son doctorat, elle aime Petrell qui s’apprête à la quitter pour Irène. Elle est aimée par Désirée, une comtesse fortunée, qui a quitté Freder, un homme cynique et manipulateur, qui se joue de Lucy, la petite bonne, tout en désirant Marie.

Cela ressemble à du Sagan, pourtant c’est un texte, écrit en 1926, de Ferdinand Bruckner, représentant d’un courant que l’on appelle la Nouvelle Objectivité. Il veut traiter des problèmes de son époque en alliant les tout nouveaux acquis techniques du cinéma, du théâtre et de la psychanalyse. La maladie de la jeunesse dont il nous parle ici est ce désenchantement, ce grand vide moral, social et politique qui a envahi la société et particulièrement la jeunesse allemande et viennoise après la défaite de 1918, l’échec de la République de Weimar et l’écrasement de la révolution spartakiste. La jeunesse qu’il met en scène cherche désespérément l’amour mais échoue à donner un sens à sa vie, elle a secoué le joug du conformisme sexuel mais pas des différences de classes. Et c’est cette vision pessimiste d’une jeunesse désorientée, cédant à la tentation du néant, qui le fera ranger par les Nazis parmi les artistes dont les œuvres seront détruites aux côtés de celles de son ami Horváth.

maladie_de_la_jeunesse-ab.jpgPhilippe Baronnet a mis en scène la pièce de Bruckner de façon intemporelle. Les costumes sont modernes, seule la musique, charleston et jazz, fait un clin d’œil aux années folles. Dans cette valse des désirs, c’est un lit qui concentre les regards. On s’y jette fiévreusement, on tourne autour, on y attache sa rivale par ses longs cheveux, car il y dans la pièce une violence qui ne passe pas seulement dans les joutes verbales. On se frappe, on se bouscule, on se traîne par les cheveux. Pour incarner ces personnages à l’esprit vif et caustique, mais d’un cynisme désespéré, il a choisi des acteurs jeunes et brillants. Clémentine Allain campe une Désirée aristocratique et blasée ayant perdu tout idéal et totalement désespérée. Louise Grinberg incarne Lucy, la petite bonne, victime consentante du Freder, cynique et manipulateur sans scrupule, que joue Clovis Fouin. Marion Tremontels est Marie, amoureuse épanouie et fière de sa réussite à l’examen, qui s’éteindra peu à peu dans ce climat délétère. Thomas Fitterer, Félix Kysyl et Aure Rodenbour complètent la distribution et nous entraînent dans cette maladie de la jeunesse qui est toujours d’actualité.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h30
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 28 36 36
www.la-tempete.fr

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