Curieuse institutrice que cette Madame Marguerite, qui insiste sur son nom, l’écrit au tableau tout comme un certain nombre de sentences sur la vie, la mort, le sexe pour qu’elles s’inscrivent dans l’esprit de ses élèves et il n’est pas question qu’ils les oublient ! Ces élèves, elle les secoue ! Dictatoriale et originale, elle veut leur apprendre des choses essentielles sur la vie, de celles que l’école oublie dans ses programmes. Son cours est tout à fait foutraque, elle mêle à une grande lucidité, l’absurde, le cynisme, la farce et le tragique. Son propos frôle parfois la folie et paraît tout à fait décalé. Elle est hors-norme, elle fait sourire mais elle interroge aussi.

Théâtre : Madame Marguerite
Théâtre : Madame Marguerite

Le texte de la pièce a été écrit par un Brésilien, Roberto Athayde en 1970, dans la période de dictature militaire qui a suivi le coup d’état de 1964 et s’est poursuivie jusqu’en 1985. Cela éclaire la pièce d’une façon qui dépasse une interprétation au premier degré où on se contenterait de voir le portrait d’une originale un peu névrosée. La pièce a été rendue célèbre par Annie Girardot qui l’a créée en 1974 et l’a portée très longtemps. L’actrice Stéphanie Bataille et la metteuse en scène Anne Bouvier ont décidé, avec l’accord de l’auteur, de la reprendre. Et le résultat est magnifique.

Devant un grand tableau noir Stéphanie Bataille arrive en tenue stricte, pantalon noir et chemisier blanc. Elle nous regarde à l’affût du moindre bruit, nous renvoyant à un état d’élève, range de façon maniaque ses crayons. Puis elle commence à parler, couvre le tableau de mots et de dessins qui doivent s’inscrire dans les mémoires. Elle se retourne brusquement et régulièrement pour nous scruter d’un air inquisiteur. Grande, l’actrice impressionne. Elle insiste sur le rôle de l’éducation mais n’hésite pas à franchir les limites de la bienséance et de la morale. Tel un dictateur elle débite d’un air impérieux des propos qui cassent les codes sociaux. Elle passe de la raideur de l’institutrice vantant les vertus de l’obéissance, au grain de folie du personnage, qui met les pieds sur la table, n’hésite pas à dire des grossièretés et rappelle aux élèves qu’ils vont tous mourir ! Elle s’agite dans l’urgence de ce qu’elle veut transmettre. Puis elle lâche prise et devient bouleversante. On aurait pu la voir Place de la République pour Nuit debout. Elle nous bouscule, elle nous réveille. Elle est formidable.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h30

Théâtre de Poche Montparnasse

75 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 45 44 50 60 67


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