Premier opus du projet T.I.G.R.E (Triptyque pour l’Inspection Générale du Répertoire Essentiel !), le spectacle tisse astucieusement la vie et les grandes pièces de Molière.

Ainsi lorsque Molière annonce à son père qu’il refuse de devenir tapissier comme lui, ce sont les échanges de Don Juan et de son père que l’on entend avec la précision Don Juan, acte IV, scène 4.

On voit comment Molière s’est résigné à la comédie après son échec à jouer la tragédie. C’est sur le Cid de Corneille qu’il s’acharne pour prouver ses talents de comédien et il finit en slip, au propre comme au figuré puisqu’il est ruiné, et quand il va tenter d’obtenir l’aide financière de son père, c’est sur la tirade de la cassette des Fourberies de Scapin que le comédien enchaîne, toujours en mentionnant le numéro de l’acte et de la scène.

On suit son parcours, d’abord les petites farces, puis les grandes comédies et la venue à Paris. Des Précieuses ridicules à l’École des femmes le succès est là mais aussi les scandales surtout avec Tartuffe et Don Juan.

Sur le plateau la comédie est toujours présente, de la Commedia dell’arte des origines aux farces et aux grandes comédies. Le parcours de Molière dans le château de Versailles pour aller rejoindre le Roi, interrompu par de nombreux courtisans, donne l’occasion à la troupe de placer de courtes citations de diverses pièces. L’entrée du Roi est très … royale. Il affirme son soutien à Molière, mais propose un deal (on croirait un président bien trop connu !) : le titre pour sa troupe de Troupe Royale et une pension conséquente, à condition qu’il arrête de jouer Tartuffe et se consacre aux comédies-ballets qui permettront au Roi d’exposer ses qualités de danseur. Lully arrive en crooner façon Sinatra tandis que le Roi devient un fan répétant « j’adore ».

La mise en scène d’Elsa Robinne simple et efficace fait la part belle aux trois comédiens qui ont écrit le spectacle, Clément Beauvoir, Lucas Henaff et Étienne Luneau. Ils sont accompagnés sur scène par un musicien, Joseph Robinne (ou Marine Dubruque). Tous sont excellents. L’un d’eux réussit à jouer le Prince de Conti, protecteur de Molière à Pezenas et en même temps son cheval qui se cabre ou hennit. Un comédien se mue en journaliste provoquant, façon Thierry Ardisson, organisant un débat entre un Molière considéré comme libertin et un membre du parti dévot après le scandale du Tartuffe.

C’est drôle, impertinent et instructif à savourer sans modération avec ou sans élèves.

Micheline Rousselet

Le projet T.I.G.R.E. s’est poursuivi avec T.C.H.E.K.H.OV. et S.H.A.K.E.S.P.E.A.R.E (critiques sur le blog culturesnes). Les trois pièces se jouent en alternance du 11 septembre au 24 janvier au Théâtre Le Ranelagh, 5 rue des Vignes, 75016 Paris – du jeudi au samedi à 19h, le dimanche à 15h – Réservations : 01 42 88 64 44

MOLIERE : du 2 au 5 octobre, du 23 au 26 octobre, du 13 au 16 novembre

TCHEKHOV : du 18 au 21 septembre, du 9 au 12 octobre, du 30 octobre au 2 novembre, du 20 au 23 novembre

SHAKESPEARE : du 25 au 28 septembre, du 16 au 19 octobre, du 6 au 9 novembre, du 28 au 30 novembre

Dates suivantes sur le site du théâtre

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