Le célèbre train vient enfin de réussir à démarrer d’une modeste gare de Bulgarie. À son bord des personnalités originales qui sont parvenues à quitter in extremis Istanbul où démarrait une guerre civile. Parmi elles, Madame Mead, une rigide gouvernante anglaise vantant la supériorité de l’Empire britannique dans tous les domaines, Monsieur Souline, un maître d’échecs acariâtre en route pour un grand tournoi, Miss Catmoor « la Sarah Bernardt de Buffalo » et Bram Stoker, le créateur de Dracula. Au dernier moment deux passagers les rejoignent, le dramaturge Georges Bernard Shaw et Arthur Conan Doyle le père de Sherlock Holmes. Mais à peine le train a-t-il démarré qu’une jeune fille affolée ameute tout le train, hurlant que sa mère a disparu avec tous ses bagages.
Après le succès du Cercle de Whitechapel créé en 2017, Julien Lefebvre s’est lancé dans l’écriture d’une nouvelle aventure policière qui se prête bien au théâtre. Un lieu clos, le wagon-salon du luxueux train, une disparition mystérieuse, un meurtre, des passagers qui feraient des coupables idéals. Face à eux un enquêteur hors pair, Conan Doyle lui-même, assisté de ses amis, l’extravagant Bram Stoker et Georges Bernard Shaw qui s’intéresse à la psychanalyse naissante. Les dialogues sont vifs, les personnages hauts en couleurs multiplient les mensonges, les fausses pistes s’accumulent, les péripéties s’enchaînent.
La mise en scène de Jean-Laurent Silvi installe les personnages dans le wagon-salon aux fauteuils de velours rouge. Les fenêtres du train laissent voir la petite gare bulgare où le train est bloqué puis les paysages enneigés qui défilent pendant que l’inquiétude monte dans le wagon (astucieuse scénographie de Margaux Van den Plas).
Les 8 comédiens (Stéphanie Bassibey, Marjorie Dubus, Céline Duhamel, Ludovic Laroche, Etienne Launay, Pierre-Arnaud Juin, Jérôme Paquatte et Nicolas Saint-Georges) font merveille. Ils sont percutants, mystérieux et inquiétants parfois, drôles souvent.
Une comédie policière enlevée, pleine de suspens et d’un humour délectable, qui réjouira tous les publics.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 9 janvier au Théâtre du Lucernaire – 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris – du mardi au samedi à 21h, dimanche à 18h – Réservations : 01 45 44 57 34 ou www.lucernaire.fr
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