La comédie musicale la plus primée de toute l’histoire de Broadway, où elle est restée à l’affiche pendant six ans au début des années 2000, arrive à Paris. Elle ne pouvait que séduire le jeune dramaturge et metteur en scène à succès Alexis Michalik.
Écrite par Mel Brooks, à partir de son film de 1967, elle raconte l’histoire d’un producteur en panne de succès qui végète en jouant le gigolo auprès de vieilles dames libidineuses. La rencontre avec un comptable un peu névrosé, le doudou toujours à portée de mains et au bord de la crise de nerfs si on y touche, les pousse à imaginer une arnaque. Produire un spectacle raté qui ne durera que quelques jours et s’enfuir avec le magot vers les tropiques. Pour cela rien de plus simple : une comédie néonazie au scénario indigent intitulée Des fleurs pour Hitler, le pire des metteurs en scène et son amant chorégraphe et enfin des acteurs-danseurs-chanteurs tout aussi nuls. Mais rien ne va se passer comme prévu !
On retrouve dans le scénario l’humour caustique et iconoclaste de Mel Brooks. Il joue sur les mots « je suis le seul à avoir monté le songe d’une nuit d’été en hiver », se joue des situations dès lors que cela rime « le matin j’fais des crédits, l’après-midi des débits et toute ma vie se passe ainsi » et se plaît à la provocation, « pourtant on avait bourré la salle de Juifs » dit le producteur navré du succès inattendu de la pièce. Seule faiblesse, la musique manque d’un thème fort que l’on retiendrait.
Alexis Michalik est au diapason de ce côté irrévérencieux et provocateur. Le nazi a des petits pigeons qui battent des ailes et vont jusqu’au salut nazi, le metteur en scène gay est accompagné de son amant, type même de la grande folle, la Suédoise, qui vient pour une audition, est tout de suite embauchée comme secrétaire-réceptionniste, en dépit de son nom imprononçable qui occupe deux pleines lignes dans le journal !
Le spectacle est rythmé et mené à un train d’enfer. Des panneaux peints descendent des cintres permettant un changement très rapide de décor, la rue devant le théâtre, le bureau du producteur, la grande salle des comptables, la scène du spectacle, la prison. Les costumes inventifs se hissent parfois jusqu’au burlesque lorsque les girls du show apparaissent dansant avec une ceinture de saucisses ou des coiffes de bretzels géantes.
Les sept musiciens sont placés dans les loges des côtés de la scène, pour ne pas encombrer celle-ci et laisser toute la place aux comédiens, aux chanteurs et aux danseurs, particulièrement remarquables dans leurs numéros de claquettes. Les comédiens chanteurs sont tous excellents. Serge Postigo, acteur très connu au Canada, impose sa voix et sa présence dans le rôle de Max Bialystock le producteur gigolo, Benoît Cauden incarne le comptable, un peu névrosé mais très imaginatif, David Eguren est le metteur en scène gay très extraverti et son partenaire Andy Cocq est un gay ++. Enfin Roxane Le Texier est Ulla (je vous passe la suite de son nom faute de place !) la belle Suédoise délicieusement décalée et d’une drôlerie folle.
Le spectacle idéal pour se remonter le moral et rire en cette fin d’année un peu inquiète.
Micheline Rousselet
A partir du 2 décembre au Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, 75009 Paris – du mardi au samedi à 20h, les samedis et dimanches à 16h – Réservations : 01 48 74 25 37
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