Martha revient, après de longues années d’absence, dans la maison de son enfance. Elle est venue avec son compagnon. Elle lui avait dit qu’elle voulait qu’il vienne habillé. Il est venu vêtu comme un cow-boy. Où sont-ils ? La maison semble avoir été un bar autrefois où les gens de la vallée venait boire pour se distraire ou fêter un événement. C’est une lettre de sa mère lui disant que son père est aux portes de la mort et que la famille croule sous les dettes qui l’a décidée à venir. Mais Martha n’a nulle envie de s’excuser d’être partie, ni de racheter la maison en train de pourrir, qu’un acheteur se propose d’acheter pour y habiter, ni de revenir dans cette vallée qui se dessèche, auprès de cette famille qu’elle rejette. Elle revient pour confronter son père aux actes incestueux qu’il lui a imposés dans l’enfance. Il y aura un procès mais celui qu’elle a en face d’elle n’est plus qu’un vieillard.

De cette histoire de famille dysfonctionnelle Alice Schwab n’a pas voulu faire un portrait réaliste. Pourquoi ce costume de cow-boy, cette ambiance western ? On soupçonne assez vite l’inceste mais tout croule sous les mystères et les non-dits. Pourquoi dans cette maison personne n’a voulu parler, ni la mère, ni les deux sœurs, peut-être trop heureuses d’échapper au père, qui préférait Martha ? Martha a réussi à fuir, ses deux sœurs sont restées. La benjamine garde encore le rêve de partir, la cadette s’est résignée et la mère s’accroche à la maison où elle a toujours vécu, une maison que Martha lie au père et qu’elle veut fuir à tout prix. Le projet de l’autrice et metteuse en scène Alice Schwab – croiser toutes sortes de calamités : sociale, économique et environnementale – est un peu trop ambitieux, mais elle réussit à y distiller un peu d’onirisme et de rêve.

Les comédiennes et comédiens (Marine Arena, Laurence Côte, Rémi Giordan, Noé Hermelin, Marie Narbonne et Leonor Oberson, en alternance avec Romane de Stabenrath) s’installent bien dans la pièce dont l’atmosphère reste lourde et inquiétante avec cette baignoire de zinc qui glisse parfois sur scène. Une marionnette y est assise, celle du père, qui saisit parfois la main d’une des filles qui le lave pour l’attirer vers son corps de vieillard. On n’échappe pas aux traumatismes de l’enfance.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 3 mai au Théâtre de La Reine Blanche, 2bis passage Ruelle, 75018 Paris – mardi et jeudi à 19h, samedi à 18h – Réservations : 01 40 05 06 96 ou reservation@scenesblanches.com

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