Après Le Premier sexe ou la grosses arnaque de la virilité qui traitait du genre, après La Fête du slip ou le pipo de la puissance sur le sexe biologique, Mickaël Délis clôt sa Trilogie du Troisième Type avec Les Paillettes de leur vie ou la paix déménage. Dans ce dernier opus autofictionnel comme les deux autres, il s’interroge sur la paternité. Une de ses amies en PMA depuis trois ans lui a fait part de la pénurie des donneurs de sperme. Il décide alors de donner le sien. Mais cette décision soulève de multiples questions. Pourquoi donner son sperme alors qu’on ne veut pas d’enfant ? Qu’est-ce qu’être père ? Pourquoi se reproduire ? Pour reproduire quoi ? Donner son sperme n’est-ce pas, comme le lui dit sa mère, une façon de se reproduire sans se reproduire à l’image de son père qui est parti alors qu’il était petit et qui a tout fait pour ne pas s’occuper de son frère et lui. Toutes ces questions, Michel Délis se les pose pour écrire la lettre que le médecin du CECOS (Centre de Conservation des oeufs et du sperme humain) lui conseille d’écrire pour les enfants à naître de ses dons et nous les pose en faisant vivre sa famille, ses ami.e.s, le personnel médical…
Il enchaîne les saynètes et alterne les rôles avec une très grande vitalité, plasticité et un brio incroyable. Avec une étole blanche, il devient sa mère, femme extravertie, extravagante et insupportable qu’il adore et à qui il rend un magnifique hommage. Il est aussi son père, son frère, sa sœur, son neveu, son agent, ses ami.e.s , tout le personnel médical. Il croque avec une justesse incroyable e beaucoup d’humour les scènes de la vie quotidienne : ses amis nouveaux pères totalement désarçonnés par leur rôle et ne sachant pas comment s’y prendre, lui-même d’une maladresse incroyable pour donner le bain à son neveu…
La scénographie dépouillée est très inventive et poétique. Au milieu de la scène, un tas de petits rectangles blancs tels des confettis vont être la mousse du bain du neveu, les médicaments du pilulier de la mère, la terre du jardin, le sable de la plage du Cap Ferret, les cendres du père, les paillettes du don de sperme… sans compter à la fin, l’étole blanche qui devient écran sur lequel est projetée en même temps qu’il la dit la lettre d’une grande justesse qu’il a fini par réussir à écrire aux enfants qui naîtront de ses dons.
Mickaël Délis en parlant de lui parle de nous toutes et tous en nous faisant rire et réfléchir.
Frédérique Moujart
Jusqu’au 3 janvier 2026, les vendredis et samedis à 19h15 – La Scala Paris, 13 bd de Strasbourg, Paris 10ème – Réservations : 01 40 03 44 30
Vous pouvez aussi voir Le Premier Sexe jusqu’au 30 décembre, les mardis à 19h15 – même lieu ou La Fête du slip jusqu’au 31 décembre, les mercredis et jeudis à 19h30, même lieu
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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