Le Louvre a offert ses murs (exposition Naples à Paris du 7 juin au 8 janvier 2024) à des œuvres majeures du Musée Capodimonte de Naples actuellement en travaux. Au lieu de les rassembler dans une salle, le Louvre a choisi de les faire dialoguer, en particulier dans la Grande Galerie, avec ses propres chefs-d’œuvre de la peinture italienne du XVème au XVIIème siècle. Aux côtés de La diseuse de bonne aventure du Louvre, la puissance du clair-obscur de La flagellation du Christ du Caravage venue de Naples capte tous les regards, la Danaé du Titien venue de Naples offre la volupté somptueuse de sa nudité rejoignant la beauté des Corrège du Louvre. L’exposition permet aussi de belles découvertes avec les toiles puissamment dramatiques de Ribera, Preti ou Guarino.

Pour cette exposition le Louvre s’est associé pour quelques jours au Théâtre de la Ville. Son directeur Emmanuel Demarcy-Motta, en relation avec le Teatro della Pergola de Florence, a imaginé une soirée propice à la plongée dans la beauté et les mystères de Naples et de ses artistes. La soirée débute à 20h, lorsque la foule des visiteurs a quitté le Musée, par une promenade, au rythme de chacun, où des comédiens, artistes de la troupe du Théâtre de la Ville ou des écoles du Teatro della Pergola, s’approchent du visiteur pour lui dire au plus près, en français, italien ou napolitain des poèmes de Dante ou de Pasolini mais aussi de Rimbaud, de Pessoa ou un sonnet de Shakespeare. Quelques notes de guitare près du portrait de François Ier du Titien et on quitte la réalité pour un monde poétique où l’imaginaire se déploie.

La soirée se poursuit à 22h dans la Cour Lefuel, les splendides anciennes écuries de Napoléon III, qui deviennent théâtre sous les étoiles pour un portrait de Naples à travers des textes de son auteur fétiche Eduardo De Filippo, considéré comme un des fondateurs du théâtre contemporain. Ces fantômes de Naples imaginés par Emmanuel Demarcy-Motta à travers des extraits de pièces, de poèmes et d’entretiens d’Eduardo De Filippo, auxquels s’ajoutent Six personnages en quête d’auteur de Pirandello, sont servis par des comédiens prestigieux.

La troupe du théâtre de la Ville rejoint celle du Teatro della Pergola. Serge Maggiani,qui s’était autrefois illustré dans une magnifique adaptation de Dante, passe du français à l’italien, Marco Giorgetti, le directeur du Teatro Nazionale della Toscana dresse le portrait de la ville qui se dévoile au crépuscule, l’émotion est forte avec les chansons portées par les italiennes Lina Sastri et Mariangela d’Abbracio ou par le Français Mathias Zakhar.

Le napolitain se mêle à l’italien, au français et à la musique, le récit à la poésie et à la chanson pour offrir un spectacle polyphonique, un mariage entre le réel et l’illusion si cher à l’auteur napolitain et si emblématique du théâtre. Les fantômes de Naples habitent ce soir la nuit parisienne et nous aimerions tant qu’ils s’y installent plus longtemps.

En liaison avec l’exposition le Louvre propose aussi cinq concerts entre le 20 septembre et le 16 novembre avec les meilleurs ensembles spécialistes de la musique baroque napolitaine, une semaine Naples dans le regard des cinéastes (carte blanche à Isabella Rossellini et Paolo Sorrentino) du 17 au 26 novembre et une Nuit Napoli le 15 décembre

Micheline Rousselet

Du 28 juin au 3 juillet au Musée du Louvre en coproduction avec le Théâtre de la Ville-Paris


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