Hélios est un petit garçon passionné par les nuages et ce qu’ils annoncent du temps à venir. Il est aussi très angoissé si le planning prévu n’est pas respecté et il aborde les autres enfants avec une certaine méfiance. Ses journées sont bien réglées entre la maison, un papa qui s’occupe de lui quand sa maman est absente, ses visites chez le psy, l’école où il appréhende le bruit et les réactions des autres, et bien sûr l’observation attentive du ciel et des phénomènes météorologiques. Et voici qu’un jour des événements inattendus, donc inquiétants, viennent troubler sa journée.

Le texte de Pauline Thimonnier aborde la question des enfants autistes avec une sensibilité et une empathie rares. Du point de vue d’Hélios ce sont les autres, et non lui, qui sont « anormaux ». La mise en scène de Yoann Pencolé et la scénographie accentuent les émotions que l’on ressent. Sur fond de nuages dont la forme évolue, des modules amovibles rappelant les jeux d’enfants permettent de passer d’un lieu à un autre et font écho aux états émotionnels d’Hélios, lui permettant d’échapper au contact des autres et au final de se rapprocher d’Eliza. Une bande son et de la musique introduisent la vie quotidienne sur le plateau.

Les trois comédiens de la Compagnie La poupée qui brûle donnent vie à tous les personnages grâce à quatre marionnettes de mousse que les acteurs manipulent et auxquels ils prêtent leur voix. Les personnages sont comme dédoublés. Ainsi l’acteur qui incarne Hélios le fait avancer, mettre ses mains sur ses oreilles pour échapper aux bruits de l’école, le fait monter dans la voiture qui le conduit à l’école et lui donne sa voix. Hélios avec ses cheveux frisés dressés sur sa tête, son père rassurant ou inquiet ou encore cherchant ses lunettes égarées, et l’assistante de vie à la rondeur rassurante sont assez proches des humains ordinaires. Eliza, celle qui va devenir l’amie d’Hélios, avec ses couettes rousses, sa courte jupe glissée et ses approches de petite fille remuante, sautant, dansant ou faisant le grand écart, est tout à fait délicieuse. Par contre le visage des élèves de la classe se trouve réduit à des bouches car Hélios les trouve épouvantablement bruyants et les craint.

Ce texte est si sensible et intelligent et ces marionnettes si emplies de vie et de poésie qu’on finit les larmes aux yeux.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 6 avril au Mouffetard, Centre National de la Marionnette, 73 rue Mouffetard, 75005 Paris – mercredi à 15h, samedi et dimanche à 20h, vendredi 31 mars à 20h – Réservations : 01 84 79 44 44 ou lemouffetard.com


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