Bartabas, qui a si souvent trouvé son inspiration dans les cultures traditionnelles et lointaines, renouvelle son art en le mettant au service du Requiem de Mozart. Il a toujours aimé la musique sacrée, comme celle des moines tibétains, où chaque note semble s’adresser à notre cœur. Dans le Requiem, il a trouvé la gravité, la spiritualité, la force vitale qu’il a toujours cherchées et qui entrent en résonance avec la noblesse du cheval.
Pour ce Requiem, qui fait appel à treize chevaux et neuf écuyers, il a choisi la transcription pour deux pianos et timbales et s’est associé avec le Chœur et la Maîtrise de Radio France. Sous la direction de Lucie Leguay, quatre solistes (Marie Perbost, Aliénor Feix, Grégoire Mour et Edwin Fardini), soixante choristes et douze maîtrisiens font entendre la puissance du Requiem.
Avec huit chevaux blancs harnachés de noir, montés par des cavalières vêtues de longues robes sombres, les cheveux dénoués flottant au vent, le spectacle suit la construction musicale de l’œuvre.
Le voyage intime commence dans le silence avec une écuyère montée sur un cheval blanc tournant lentement, dans un sombre clair-obscur devant une draperie violine annonçant la mort. Aux chevaux marchant au pas dans l’Introïtus avec des cavalières allongées sur le dos du cheval, cheveux ondulant dans le vide, succède un Dies Irae où la noblesse et la beauté des écuyères bras écartés accompagne le galop des chevaux renvoyant à la colère divine. Telles des amazones, elles font corps avec leur cheval, ne tenant pas les rênes semblant lui laisser sa liberté. Les voix des solistes, les supplications du chœur répondent à ces chevaux qui semblent danser, beaux, nobles et graves et le chœur des jeunes maîtrisiens s’insère dans la chorégraphie équestre où chevelures et crinières se répondent. Deux cavaliers masqués portant de longs bonnets noirs et pointus accompagnent parfois les cavalières évoquant ces pénitents qui ouvrent les processions de la Semaine Sainte en Espagne. Pour l’Agnus Dei, les cavalières sont remplacées par des squelettes, rappelant l’universalité de la mort et faisant écho à Calacas, magnifique spectacle de Bartabas sur la fête des morts au Mexique. Clôturant le Requiem l’ouverture à la lumière du Communio lux aeterna donne enfin liberté et élan aux chevaux.
Un spectacle beau et grave qui scelle l’alliance entre la musique, l’homme et le cheval.
Micheline Rousselet
Du 4 au 17 septembre à La Seine Musicale, Île Seguin, 92100 Boulogne-Billancourt à 20h30 – Réservations : 01 74 34 53 53 ou www.laseinemusicale.com
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu