Il est assis sur un banc de gare, elle arrive derrière lui et l’embrasse dans le cou. Curieuse elle l’interroge, elle est cash, sans filtre, jure puis s’excuse. Elle lui raconte qu’elle est serveuse dans un restaurant chic, qu’elle habite ce quartier résidentiel puis plus tard avouera avoir menti. Il est boucher et lui, a dit vrai. Elle a quarante-deux ans et lui soixante-quinze. Il est aussi taiseux qu’elle est volubile. Il est aussi calme qu’elle est agitée, aussi réfléchi qu’elle est spontanée, aussi routinier qu’elle est imprévisible. Mais sont-ils forcément enfermés dans cette personnalité ?

Le dramaturge britannique Simon Stephen raconte avec tendresse et humour cette rencontre improbable entre deux êtres aussi différents. Pourquoi ce titre ? Dans le théorème du principe d’incertitude du physicien allemand Heisenberg, spécialiste de mécanique quantique, il y a une limite à la précision avec laquelle il est possible de connaître deux propriétés d’une même particule. Comme dans ce théorème, il est impossible de déterminer comment va tourner la rencontre de cet étrange couple si dissemblable. Mais leurs deux solitudes vont se télescoper, se heurter, puis s’apprivoiser.

Louis-Do de Lencqueseing, admirateur de l’auteur met en scène avec délicatesse et finesse ce « théâtre sans paroxysme » ainsi qu’il le définit. Un passage au noir, un peu de musique pour passer d’une scène à l’autre, d’un lieu à un autre et deux acteurs qui entrent avec élégance dans la peau de leur personnage. Ce sont les premiers pas au théâtre de Laura Smet et elle les fait aux côtés d’un acteur aussi expérimenté que Jean-Pierre Darroussin. En pantalon léopard avec un collant en résille noir qui dépasse un peu à la taille, elle impose sa silhouette juvénile, son agitation et sa volubilité face à Jean-Pierre Darroussin, sobre, l’air un peu las de celui qui n’a plus d’illusions sur la vie et dont le personnage rappelle celui de La villa, le film de Robert Guédiguian. Elle tient déjà très bien sa place et on peut penser qu’elle va encore se libérer pour gagner en nuances.

Une jolie pièce humaniste avec des personnages pleins d’humour dont l’optimisme fait du bien.

Micheline Rousselet

À partir du 22 septembre au Théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaité, 75014 Paris – du mercredi au samedi à 20h, matinées samedi à 17h et dimanche à 15h30 – Attention passage à 21h le mercredi soir à partir du 1er novembre – Réservations : 01 43 22 77 74 ou www.theatremontparnasse.com

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