Il entre sur le plateau,chemise blanche, pantalon noir à bretelles, mi-gentleman, mi-clown, l’œil qui frise et dès les premières phrases de son monologue, on entrevoit ce que sera le ton de ce spectacle que Jean-Paul Farré adapté pour la scène de son ouvrage publié en 2014 et dédié à ses deux grands pères mobilisés le 1er août 1914.

Théâtre : Le pavé dans la Marne
Théâtre : Le pavé dans la Marne

Jean-Paul Farré conduit la première partie de la pièce comme un retour sur le déroulement de cette première guerre mondiale, à la façon d’un cours magistral, en revenant sur les faits qui l’ont marquée mais en les revoyant à sa manière.

Depuis l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand le 28 juin 1914 à Sarajevo en passant par la bataille de la Marne, la défaite française, le sombres manœuvres de diplomates en sous-main, l’intransigeance obtuses des uns, les déclarations claironnantes des autres comme celle du Président du Conseil René Viviani ( La mobilisation n’est pas la guerre)

Et si la Grande Guerre n’avait duré que quarante-cinq jours au lieu de 1562…

Jean-Paul Farré n’hésite pas à bousculer le récit national, toutes les certitudes sur cette guerre qui vont avec, et le spectacle devient la réécriture de l’histoire par une sorte de clown qui saurait rester grave et précis derrière le rire.

Entre une vraie fausse conférence historique et une représentation du «Théâtre aux armées» par un clown, ce monsieur Loyal évolue dans un castelet de foire avec, comme dans «l’histoire du soldat» l’accompagnement au violon de Muriel Raynaud dont les accords aigrelets représente à la fois les musiciens des tranchées et les femmes de soldats dans leur attente angoissée.

Puis, au survol mi ironique mi grinçant des différents épisodes de la Grande Guerre, succède, venu d’on ne sait où, un moment d’émotion pure où Jean-Paul Farré, sur un ton presque confidentiel, une pièce à conviction au bout des doigts, revient sur le souvenir de ses deux grands pères.

«La pavé dans la Marne» est le spectacle ciselé d’un poète, une espièglerie empreinte de gravité qui n’en renvoie pas moins au devoir de mémoire.

Francis Dubois

Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre Dame des Champs, 75006 PARIS

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : : 01 45 44 57 34


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