Bême est un fils agréable et un élève brillant, studieux et actif en classe. Il est bien intégré, a des amis et même une petite amie. Cet élève parfait n’a qu’un problème. Il rend systématiquement et pour toutes les matières une copie blanche aux devoirs sur table ! Ce n’est pas un rebelle, il ne revendique rien et ne donne aucune explication. Les menaces sont sans effet, les zéro non plus. Pour ne pas pénaliser cet élève gentil et intelligent, les professeurs ont choisi en désespoir de cause de lui mettre 10. Mais tout comme le « I would prefer not to » du Bartleby de Herman Melville, cette situation déstabilise tout le monde et installe le trouble dans la classe, chez les enseignants et dans l’institution scolaire toute entière.

Théâtre : le pas de Bême
Théâtre : le pas de Bême

Adrien Béal et la Compagnie du Théâtre Déplié ont eu l’idée de la pièce en partant d’un texte de Michel Vinaver, L’objecteur . Il y racontait l’histoire d’un jeune soldat, Bême, qui un jour sans avoir réfléchi ni prémédité son geste et sans explication, avait posé son fusil au sol. Ce sont les perturbations causées par ce geste qui ont intéressé le metteur en scène. Le dispositif scénique est simple. Un plateau vide autour duquel s’asseyent les spectateurs. Les trois acteurs (Olivier Constant, Charlotte Corman et Etienne Parc) sont assis au premier rang parmi eux, se lèvent et parlent, échangeant les rôles avec une fluidité stupéfiante. Tantôt professeurs, tantôt proviseur, tantôt parents, tantôt Bême, tantôt ses camarades qui cherchent à l’aider, tantôt au cours d’éducation physique, tantôt face au professeur principal. Les scènes s’enchaînent sans colère ni drame. On est plongé dans l’opacité de la décision de Bême et dans les interrogations qu’elle suscite chez tout le monde. C’est drôle et extrêmement vivant. Chacun parle, raconte, commente, émet des hypothèses. Les professeurs tentent de le raisonner, lui parlent bac ou conseil de discipline. Les élèves votent, discutent. Bême reste silencieux, impassible campant sur son refus d’écrire.

Un vertige délicieux s’empare du spectateur quand, à la fin, il se demande si cette « objection » ne pourrait pas faire trembler l’ordre établi et s’il n’y a pas, en lui aussi, un rebelle qui pourrait se réveiller.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30

Théâtre de La Tempête

Cartoucherie

Route du Champ-de-Manoeuvre, 75012 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 28 36 36


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