Croulant sous les dettes, le Marquis de Montespan qui a épousé une femme qu’il adore, part à la guerre pour se refaire financièrement. Ce n’est pas une réussite, car non seulement il en revient toujours couvert de dettes, mais alors qu’il se réjouissait qu’en son absence sa femme soit introduite à la Cour, celle-ci devenue la favorite du Roi, ne peut plus et ne veut plus revenir auprès de lui. Il va alors se lancer dans un combat sans limite mais aussi sans espoir contre le Roi pour reconquérir sa femme. Il cherchera même à attraper la vérole auprès de prostituées pour contaminer sa femme et à sa suite le Roi. Tout Paris se gaussera de ce cocu qui n’hésite pas à orner son carrosse de cornes gigantesques et qui signera « Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, époux séparé quoique inséparable ».

De cette aventure Jean Teulé avait fait un roman qui donnait de la France du Grand Siècle une peinture assez noire. L’actrice et metteuse en scène Salomé Villiers en a réalisé une adaptation pleine de vie, passant de la joie à la fureur, au drame et et à la mélancolie.

Étienne Launay, le metteur en scène, réussit à nous emmener dans cette histoire qui s’étire sur 44 ans avec 26 personnages et 21 lieux. Qui plus est, il le fait sur la petite scène du théâtre de La Huchette. Comme s’il s’agissait d’une troupe de comédiens ambulants qui va de place en place pour conter cette histoire, un décor minimaliste se déploie. Des toiles peintes, un lustre, une corne gigantesque vont évoquer un château, le Marais avec ses salons de jeux et ses courtisanes ou un feu d’artifice au loin que les éclairages vont animer. Il arrive même à évoquer avec force dramatisation une des messes noires auxquelles se serait livrée la Marquise pour conserver les faveurs du Roi. Les musiques de Lully et des ambiances sonores emmènent le spectateur dans différents lieux, église où se marient les Montespan, rires du jeune couple se lançant dans des ébats amoureux dans leur carrosse, échos des salons du Marais ou des champs de bataille.

Trois comédiens vont raconter cette histoire devenant tantôt narrateur tantôt personnages. Simon Larvaron campe un marquis de Montespan qui troquera bientôt l’insouciance de la jeunesse pour la fureur d’un cocu, impuissant face au pouvoir et aux désirs du Roi, acceptant la prison et l’exil, mais toujours amoureux de sa femme. Il devient de plus en plus émouvant dans son obstination amoureuse et ses efforts forcément infructueux pour s’opposer aux désirs du Roi. Salomé Villiers et Michaël Hirsch incarnent tous les autres personnages. Salomé Villiers incarne une Madame de Montespan jeune et insouciante, amoureuse sensuelle que le goût de la richesse, des parures, des fêtes et les flatteries des courtisans corrompt de plus en plus au point de se laisser entraîner dans l’affaire des poisons. Elle incarne aussi tous les autres personnages féminins, la mère du Marquis, la nourrice des enfants. Michaël Hirsch incarne tous les autres personnages masculins, passant du concierge dévoué aux moustaches en croc au Roi d’Espagne tenant des propos ridicules.

Une jolie découverte.

Micheline Rousselet

À partir du 27 janvier au Théâtre de la Huchette, 23 rue de la Huchette, 75005 Paris – du mercredi au vendredi à 21h, le samedi à 16h et 21h –

Réservations : 01 43 26 38 99 ou theatre-huchette.com

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