Théâtre : Le fantôme d'Ayizadé

Pierre Loti, alors jeune officier de marine affecté à Istanbul, y a aimé passionnément une jeune fille Aziyadé, passion d’autant plus intense que secrète, puisqu’il l’a découverte à travers les grilles du harem où elle était enfermée. La séparation est douloureuse pour les amants quand Pierre Loti est renvoyé en France, mais il promet de revenir. Dix ans après il revient et pendant trois jours part à la recherche d’Aziyadé. Il retrouve la lumière, les odeurs, les sons de la ville. « Je reconnais tout » dit-il et pourtant il ne la reconnaît pas car la ville a changé, des maisons à la modernité uniforme commencent à remplacer les yali de bois, détruits par le feu, qui avaient abrité son amour.

Théâtre : Le fantôme d'Ayizadé
Théâtre : Le fantôme d’Ayizadé

Florent Azoulay, qui signe l’adaptation et la mise en scène, et Xavier Gallais nous emmènent dans ce voyage au cœur de la mémoire de l’amour et d’un Orient fantasmé à partir des deux livres de P. Loti, Aziyadé et Fantôme d’Orient, écrit treize ans après le premier, ultime hommage de l’auteur à sa bien aimée. Xavier Gallais vêtu de sombre, semble goûter et déguster les phrases simples, justes, sensuelles de Loti, qui unissent le frémissement de l’amour à la mort, dans une ville où se mêlent le grouillement de la foule des vivants, la sensualité d’un Orient rêvé et les fantômes des morts. Les marbres et la splendeur des monuments, la beauté poignante des cimetières, la richesse des rencontres, le guide, le batelier, le vieux serviteur oublié lors du départ, le bruit du moteur des transbordeurs et celle des rames des caïques, tout Istanbul est là. L’acteur est seul assis devant un micro et un ordinateur. Ce dispositif imaginé par Florent Azoulay et l’acteur orchestre la voix de Xavier Gallais avec la musique composée par Olivier Innocenti. Il exige de l’acteur une extrême précision. On entend les bruits, le moteur, des appels lointains, le bruit des rames, et surtout sa voix envoûtante qui donne aux mots leur intensité et leur musicalité.

Un voyage dans la mémoire, la nostalgie d’un grand amour et d’une ville qui s’est déjà perdue, on ne pouvait rêver plus somptueux chant funèbre.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 16h

Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris

Réservations : 01 45 44 57 34 ou www.lucernaire.fr

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