Le frère d’Anna, Maxime, a disparu quand elle avait douze ans. Les remparts de doudous et les prières au Dieu des causes perdues ne suffisaient pas à protéger Anna de ce frère plus généreux en coups qu’en gestes tendres. Pourtant le jour où elle fait une fausse couche, l’embryon perdu comme le sang qui s’écoule hors d’elle la ramènent au souvenir de ce frère perdu. Elle refait alors le chemin de l’enfance et part à sa recherche. Pour se venger ou parce que l’évidence la pousse à chercher cette part d’elle-même ?
Agathe Charnet a écrit un beau texte dont le rythme et l’énergie renvoient au slam. Avec l’actrice Noémie Rimbert elles ont rencontré Ambre Kahan, autrice récente d’une mise en scène remarquée pour L’art de la joie. Sur le plateau nu, deux cubes qui peuvent devenir lumineux et une tête d’éléphant de néon rose qui accompagne la recherche d’Anna partie sur la trace de son frère qu’elle imagine être en Asie. Noémie Rimbert se met au service du rythme de ce texte, de sa couleur. Sa voix se fait colère contre ce frère qui en partant est devenu le centre des préoccupations familiales, la renvoyant à une forme d’abandon. Elle se fait aussi douloureuse ou interrogatrice quand elle se lance en Asie dans une recherche tous azimut, faisant appel aux forces surnaturelles. À ses côtés le guitariste M’Hamed Menjra apporte une respiration et une voix qui l’accompagnent pour la sortir de sa quête solitaire et être auprès d’elle pour enfin pouvoir avec douceur chanter ensemble.
Une plongée dans la parole pour sortir de la fatalité, se réinventer et trouver la force de vivre.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 16 juin à L’Athénée Théâtre Louis Jouvet, 4 square de l’Opéra Louis Jouvet, 75009 Paris – du mardi au samedi à 20h30, les dimanches à 16h30 – Réservations : 01 53 05 19 19 ou www.athenee-theatre.com
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