culture/théâtre

De ce court texte de Beckett, Serge Merlin ne s’est jamais beaucoup éloigné depuis 1978, où il l’a créé pour la scène au festival off d’Avignon. Un texte un peu énigmatique mais fascinant où l’on trouve les obsessions de l’auteur, l’attente, la non communication, la solitude, la vanité des efforts humains puisqu’au bout il n’y a que la mort.
Devant un cylindre de 50 mètres de haut et 16 mètres de diamètre, un homme, le dépeupleur – mais est-ce lui ? – observe un microcosme de chercheurs qui tentent d’atteindre des échelles pour monter vers des niches. Que vont-ils y chercher ? Une issue, mais y en a-t-il une ? N’est-elle pas plutôt dans le plafond, mais comment l’atteindre ? Beckett décrit avec précision les conditions de lumière, de température et les propriétés géométriques et topologiques de cet espace « séjour où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur. Assez vaste pour permettre de chercher en vain. Assez restreint pour que toute fuite soit vaine ».

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Sur scène un petit cratère sur les parois duquel on aperçoit en quelques traits des esquisses d’hommes et d’échelles. Devant ce cratère un homme, Serge Merlin, admirablement mis en scène par Alain Françon. Pantalon rayé noir, chemise blanche, lavallière noire et grand manteau vert pomme, cheveux longs et gris, Serge Merlin entre en scène et mène le jeu – mais en est-ce un ? – une baguette à la main. L’éclairage (très beau travail de Joël Hourbeigt) dégage de la pénombre son visage et ses longues mains qui s’agitent parfois et manient ou caressent sa baguette. Son regard se plante dans celui des spectateurs, saute de l’un à l’autre, devient perçant et froid lorsqu’il semble observer les homoncules qui s’agitent dans le cylindre, tel un entomologiste observant les activités d’une fourmilière. Sa voix rocailleuse passe de l’emphase à la froideur, faiblit parfois ou monte soulignant le i de harmonie, le mot qu’utilise avec une ironie féroce l’auteur pour caractériser cet univers. Il cisèle chaque mot du texte et après avoir fait l’état de ce cylindre et de ce petit peuple il n’a plus qu’à partir, nous laissant éblouis par tant de talent. Et l’on sort du théâtre orphelin et glacé.
Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 21h30 jusqu’au 1er octobre, le lundis à 21h45. A partir du 3 octobre et jusqu’au 19 décembre le lundi à 21h45
Théâtre Les Déchargeurs
3 rue des déchargeurs, 75001 Paris
Réservations
(partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 42 36 00 50

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