
Jean Atwood, jeune interne brillante, quatre fois major de sa promotion, se destine à la chirurgie gynécologique. Ambitieuse, elle vise un poste de chef de clinique, mais est contrainte de rejoindre, pour ses derniers mois d’internat, le service de médecine des femmes du docteur Franz Karma. L’unité 77 s’occupe d’avortement, de contraception, de maternité des adolescentes, de violences conjugales et de cancers en phase terminale. Entre elle et lui deux conceptions de la médecine s’affrontent. Elle ne veut pas perdre de temps à écouter les jérémiades des patientes, elle n’a pas autant travaillé pour cela, elle veut de l’efficacité et passer aux gestes techniques qu’elle maîtrise parfaitement. Le docteur Karma écoute ses patientes, et leur explique patiemment ce qu’il va faire. Au bout de quelques heures tendues, il lui propose un contrat. Pendant huit jours, elle va le suivre, sans intervenir, et ensuite elle décidera ou non de rester pour la fin de son stage. Les certitudes de Jean vont vaciller, elle découvre qu’un médecin apprend aussi en écoutant les malades.
Violaine Brébion a adapté le roman éponyme du médecin et romancier Martin Winckler, un roman de formation mais aussi un roman choral qui porte la voix des femmes. Avec Xavier Clion et Clotilde Daniault elle met en scène et joue cette adaptation sensible et forte. Le dispositif scénique, une table, deux chaises, un tabouret et un micro sur pied permet de passer d’un lieu à un autre. Violaine Brébion est Jean Atwood. Elle arrive de mauvaise humeur dans cette unité qu’elle n’a pas choisie, elle a une ironie froide, un style direct, voire brutal. L’empathie lui est étrangère. Xavier Clion incarne son inverse, le docteur Franz Karma. Il prend le temps d’écouter ses patientes, d’entendre leurs douleurs physiques et morales et d’en tenir compte pour les solutions qu’il propose. Clotilde Daniault incarne toutes les autres intervenantes, du personnel de l’hôpital à toutes les patientes.
A eux trois ils donnent vie à ce chœur de femmes qui parlent de leur vie intime et ils donnent de la chair aux deux conceptions de la médecine qui s’affrontent : écoute et respect versus rigidité de celui qui sait. C’est passionnant et émouvant. C’est même un spectacle d’utilité publique au moment où on voudrait imposer à l’hôpital public un objectif de rentabilité.
Autour de son spectacle la Compagnie Actes Uniques propose des actions culturelles auprès des associations et aussi en milieu scolaire. Profitant du dispositif très simple, elle propose aux enseignants à partir de la classe de 4ème, un court extrait du spectacle et une discussion sur les questions soulevées dans la pièce.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 9 novembre au Studio Hébertot, 78 bis Bd des Batignolles, 75017 Paris – le samedi à 16h30, le dimanche à 19h – Réservations : 01 42 93 13 04 ou www.studiohebertot.com
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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