Depuis plusieurs années Véronique Vella et Raphaëlle Saudinos ont entrepris de présenter à la Comédie Française des Contes du chat perché de Marcel Aymé. Après Le loup puis Le cerf et chien, elles s’attachent aujourd’hui au Chien. Héroïnes des contes, Delphine et Marinette sont devenues grandes désormais et, sur le chemin du retour après avoir fait les courses, elles rencontrent un chien hagard et tout ébouriffé. Curieuse histoire que celle de cet animal. Il a accepté de prendre la cécité de son maître qui, ingrat, l’a ensuite abandonné. Delphine et Marinette le prenant en pitié l’emmènent chez leurs parents, à condition que le chat de la maison l’accepte. Ce qui est si bien fait qu’un peu plus tard le chat accepte à son tour de prendre la cécité du chien, avant que la souris ne s’y colle et … Soit par naïveté, soit par esprit charitable soit par obligation chaque animal accepte.

Les deux metteuses en scène, le scénographe Eric Ruf et la créatrice des costumes Siegrid Petit-Imbert ont choisi de faire de nombreux clins d’œil aux deux contes présentés auparavant à la Comédie Française, tant dans les décors que dans les costumes. Les deux adolescentes vont bientôt s’échapper pour vivre leur vie. A l’avant du plateau se trouve la chaleur un peu bohème du foyer familial, avec le coin des parents, toujours amoureux, et celui du chat, perché pour mieux observer. Derrière, l’orée du bois, le ciel, le lieu où passent le chien, le vagabond ou les fillettes revenant du marché. Elles sont généreuses et écoutent avec empathie l’histoire du chien mais elles restent intransigeantes quand il se met à convoiter la noix de veau qu’elles ont dans leur panier. Et c’est bien cette capacité à dire non qui se trouve au cœur du conte. Mais les metteuses en scène en soulignent aussi d’autres aspects, comme la question de l’emprise. Le chien n’est pas dupe de son maître, il connaît tous ses défauts, mais il finit par revenir auprès de lui.

Gallimard, éditeur des Contes, a depuis le début imposé que rien ne soit changé au texte, ce qui rend impossible de transformer en dialogues les parties narratives. Les acteurs s’emparent donc, livre en main et à tour de rôle, des parties narratives et des incises comme « dit-il » ou « soupira le chien », ce qui ajoute une touche d’humour qui réjouit les enfants. Des chansons complètent la grille de lecture du conte apportant des moments de respiration, de joie et d’émotion. Sur le plateau, enfin, une batterie permet à chacun de libérer son énergie quand le besoin s’en fait sentir.

Les acteurs et actrices, par ailleurs aussi chanteurs ( Elsa Lepoivre, Florence Viala, Sylvia Bergé, Véronique Vella, Thierry Hancisse, Nicolas Lormeau, Yoann Gasiorowski et Jean Chevalier) cernent bien les caractères des personnages, humains comme animaux, qu’ils et elles incarnent. Ils semblent s’amuser et le public s’amuse avec eux.

En mettant en musique et en mots ce conte de Marcel Aymé, Véronique Vella et Raphaëlle Saudinos ont excellé à faire réfléchir et à amuser enfants et parents. À voir l’enthousiasme des uns et des autres, on peut dire que c’est réussi.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 7 mai au Studio-Théâtre de la Comédie Française, 99 rue de Rivoli, Galerie du Carrousel du Louvre, 75001 Paris – du mercredi au dimanche à 18h30 – Réservations : www.comedie-francaise.fr


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