Tantôt diva sensuelle et aguicheuse, tantôt clown burlesque, mais toujours excentrique, l’irrésistible Maria Dolorès, ses yeux de biche, ses gants et ses talons aiguilles rouges, moulée dans un fourreau laqué noir quand elle n’arbore pas son costume bleu de sirène, mène le spectacle à un rythme d’enfer. Son assistant, son emploi-jeune comme elle le présente (cinquante ans bien sonnés tout de même) Christian Tétard, dit Jean-Jacques, sorte de Buster Keaton ahuri, n’est pas en reste dans le délire. Il cherche à aider la dame, tandis que les objets lui résistent, tente de résister au tourbillon de ses idées et de suivre le fil de la soirée, quand il ne lâche pas prise en se lançant dans une gigue effrénée au violon.
Apparaissent ensuite les Sea Girls, quatre chanteuses-comédiennes et danseuses, quatre bombes, qui n’ont pas de coquin que leurs costumes. La plus provocante, la plus délurée sous un air de femme-enfant digne héritière de la Marylin Monroe de Certains l’aiment chaud, avec sa petite robe très courte, et son air faussement naïf est Elise Roche, absolument éblouissante et drôle.

Théâtre : cabaret extraordinaire
Théâtre : cabaret extraordinaire

Avez-vous déjà vu un jongleur jongler avec trois balles dans le dos, jouer du saxophone avec trois balles de ping-pong dans la bouche, jongler avec des quilles, juché sur un immense monocycle ? Il est là, il s’appelle Immo et quand il n’a pas les balles dans la bouche, il parle, interpelle le public, fait appel à lui avec un sens de la répartie qui déclenche les rires.
Mais que serait une soirée sans dame aux fourneaux ? Celle-ci, la dame en vert Orianne Bernard surprend, en fourreau vert ouvert jusqu’en haut de la cuisse sur des jarretières noires. Séductrice jusqu’au bout des doigts, voix de soprano, si elle rate son gâteau elle réussit ses équilibres et incarne un mélange surprenant de vamp-clown.
Les interventions du Cirque des Mirages, avec Yanowski, toujours assisté de son fidèle pianiste Parker, introduisent une note de fantastique et nous emmènent dans un univers trouble et fascinant. Les chansons de Yanowski, tout de noir vêtu avec sa taille impressionnante et ses grandes mains toujours en mouvement, ouvrent sur un monde de rêves où le diable occupe beaucoup de place. La soirée ne serait pas complète sans la Roue Cyr de Thomas Trichet, la poésie drolatique du Moustache Poésie Club et la déambulation sans paroles, mais tout à fait burlesque des Paraconteurs.

C’est un spectacle joyeux, haut en couleur, dont on sort heureux. Les présentateurs des soirées des Molières ou des Césars devraient penser à Maria Dolorès pour éviter de perdre leurs téléspectateurs en cours de route.

Micheline Rousselet


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