Épuisée une chanteuse sort de scène après son concert sur une scène de Séoul. Elle espère, en vain, que son jeune amant l’attende pour lui offrir le réconfort de ses bras. Rentrée dans sa chambre d’hôtel elle tente de l’appeler mais il reste introuvable. Une longue attente commence, où elle va du téléphone au lit, de la salle de bain à la porte qu’elle ferme puis rouvre, car ce serait peut-être mieux s’il arrivait. Elle sait qu’elle a vieilli et qu’il est très jeune, elle l’imagine avec une autre femme. La jalousie lui mord le cœur, elle passe de la douleur à la colère, rumine ses griefs et imagine ce qu’elle lui dira quand il rentrera. Il finit par arriver, elle l’interroge, l’accuse, supplie, clame son amour, tente la séduction. Tout cela en vain, il reste silencieux, l’ignore et se prépare à sortir.
Jean Cocteau avait écrit ce court texte pour Édith Piaf qui l’interpréta avec Paul Meurisse. Il en avait écrit deux versions une pour le théâtre et une sous forme d’un long poème. Le metteur en scène Christophe Perton part du long poème et y intègre des musiques pop originales de Maurice Marius et Emmanuel Jessua pour en faire un long spectacle musical.Tels des fantômes, derrière un rideau transparent, cinq musiciens (claviers, guitares, batterie et basse) accompagnent cette femme. Leur musique vient en contrepoint des mots de Cocteau. Pour moderniser le texte le metteur en scène introduit aussi des vidéos, un peu envahissantes, et le thème des violences faites aux femmes. La bonne idée a été de confier le rôle du bel indifférent à un danseur. Avec ses tatouages et sa silhouette svelte, Tristan Sagon oppose un bloc de froideur à la passion de Romane Bohringer. Il ne danse pas avec elle mais contre elle.
Toutefois malgré l’énergie, le jeu empli d’émotions de Romane Bohringer et les qualités de danseur de son partenaire, le texte de Cocteau apparaît vieilli et n’arrive pas à susciter un grand intérêt de la part du spectateur.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 12 novembre au Théâtre de l’Atelier, Place Charles Dullin, 75018 Paris – du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 17h – Réservations : 01 46 06 49 24 ou theatre-atelier.com
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