Langson, Nord du Tonkin en 1950. Alors que le Viet-Minh avance et que la guerre d’Indochine est à un tournant, cinq personnes enfermées dans une vieille demeure coloniale se trouvent projetées dans l’Histoire traînant derrière eux leur histoire. Au centre une femme complexe, Dorothée, liée à ce pays dont elle aime les paysages, les odeurs, le peuple maltraité par les colonisateurs et peut-être un homme en particulier. À ses côtés sa sœur, en quête d’un mariage qui lui permettrait de fuir ailleurs, et des hommes qui tissent leur toile autour d’elle : son mari devenu militaire par tradition familiale et qu’elle dédaigne, un commandant au service de sa patrie la France, un commissaire de police, ancien collaborateur pendant la guerre de 1939-45, qui traque le chef de l’insurrection dans la région. Des choses semblent s’être passées entre eux cinq ans plus tôt au Bar de l’Oriental à Saïgon.

Écrite par l’académicien Jean-Marie Rouart, la pièce met en scène des personnages qui traînent leur ennui, leurs rancœurs passées et leurs espérances déçues tandis que l’Histoire avance. C’est un peu convenu mais la façon très cinématographique de traiter la pièce lui donne de l’intérêt.

La torpeur tropicale, l’imminence de la mousson, l’ennemi invisible qui avance inexorablement sont bien évoqués par la mise en scène de Géraud Bénech. Des panneaux de toile fine laissent deviner les collines et la luxuriance de la forêt parfois envahie par la brume de fumées légères, les meubles de rotin, les effets de lumière et les ponctuations sonores d’une flûte de bambou nous plongent dans cette Indochine de Duras ou du film Indochine.

Les acteurs manquent un peu de flamboyance, à l’exception de Pascal Parmentier dans le rôle du commissaire de police. Même Gaëlle Billaut-Danno reste trop longtemps à l’écart de l’aventurière amoureuse du pays et en partie lucide qu’elle est censée être.

Une pièce où l’on ne s’ennuie pas mais qui reste un peu trop prévisible pour être convaincante.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 28 avril au Théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaîté, 75014 Paris – du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 18h – Réservations : 01 43 22 77 74

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