Du 6 au 11février, la Maison des Métallos organise un focus « Mauvaises graines » sur les jeunes mineurs délinquants. Un spectacle a dû être reporté, mais deux spectacles sont maintenus : Le 20 novembre et Trauma qui sera présenté du 7 au 11 février. Une exposition s’attache à présenter des informations sur la façon dont la société a traité la question de la délinquance juvénile et des photos sur les lieux de détention de ces jeunes.

Théâtre : Le 20 novembre
Théâtre : Le 20 novembre

Le 20 novembre , est une courte pièce du dramaturge suédois Lars Noren qui s’attache à un fait divers survenu dans une petite ville allemande en 2006. Un adolescent de 18 ans avait pénétré armé dans son ancien lycée pour y faire feu sur des élèves et des professeurs. Après avoir blessé neuf personnes il avait retourné l’arme contre lui. Quelques semaines plus tard, Lars Noren a écrit Le 20 novembre en s’appuyant sur le journal intime laissé par le jeune homme. Depuis deux ans Sebastian Bosse avait planifié sa « révolution », se filmant et écrivant son journal. Tout était prêt à être publié sur Internet. C’est un monologue que nous fait entendre Lars Noren, la parole d’un jeune homme qui hait l’école où il a souffert du harcèlement de ses condisciples, qui l’ont frappé et insulté sous l’œil indifférent des enseignants. Il ne regrette qu’une chose c’est le chagrin qu’il va causer à ses parents, à son frère et à sa sœur. En proie aux désirs contradictoires de l’adolescence, il vomit les Nazis, mais vitupère contre les immigrés venus de l’Est. De l’école il dit que la seule chose qu’il y a appris c’est qu’il était un looser. Solitaire, enfermé dans sa colère et son désir de vengeance, il se plonge dans la musique, n’arrive pas à vivre dans ce monde qu’il hait, un monde dirigé par l’argent. Il veut être enfin libre.

Lars Noren n’est pas un auteur qui met en scène des faits divers. Mais s’il s’est intéressé à celui-ci, c’est probablement qu’il lui a semblé être le signe d’une société qui marche sur la tête, qui affirme que l’enfance est sacrée et doit être protégée et qui, dans le même temps, laisse un jeune aller mal au point de se suicider et d’éliminer ceux qui auraient pu être ses amis ou ses éducateurs. Ce qu’il dénonce, c’est une société qui n’offre pas aux plus faibles des espaces de parole suffisants.

Élodie Chanut a placé le jeune homme dans une chambre qui suinte la solitude et l’ennui : un lit, une affiche en noir et blanc, une caméra placée au centre de la scène qui transmet sur l’écran de l’ordinateur l’image de Sebastian. Seule note de couleur, la guitare électrique rouge. Le jeune homme, en marcel noir met en scène l’heure qui précède son geste meurtrier et multiplie les adresses à la caméra. Parfois sardonique, avec l’orgueil désespéré de celui qui proclame qu’il va « frapper un grand coup de tonnerre imprévisible », il laisse parfois entrevoir ses faiblesses. Nathan Gabily l’incarne, le regard perçant crachant des propos emplis de rage et de haine où ne cesse de sourdre le désespoir. Parfois il se saisit de la guitare et joue une musique hypnotique, à grand renfort de coups secs sur les pédales de loop et d’effets et c’est tout aussi désespéré et violent. Il sait être touchant quand il affirme « Si j’arrive pas à trouver un sens à ma vie, je trouverai un sens à ma mort » ou quand il chante en anglais « quand ce sera fini je partirai comme un oiseau, comme un ange ». Mais quand on le voit, chemise noire boutonnée jusqu’au col, saisir le sac empli d’armes et nous interpeller pour nous demander rudement si quelqu’un veut dire quelque chose avant qu’il parte il nous glace et évoque d’autres jeunes, les radicalisés.

Micheline Rousselet

Mardi, mercredi à 20h, jeudi à 19h, vendredi à 14 et 20h,samedi à 19h

La Maison des Métallos

94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 48 05 88 27


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