Sabrina Chézeau, qui s’est formée à l’école de théâtre Jacques Lecoq, au conte auprès de Michel Hindenoch et de Luigi Rignanèse, à la danse et au clown, est l’autrice avec Luigi Rignanèse et l’interprète de L’audace du papillon. Dans l’envoûtante première scène, elle nous nous plonge dans un dialogue entre la Vie et la Mort, femme fatale vêtue de noire avec rouge à lèvres écarlate et longue robe fendue. La Mort se vante d’être plus forte que la Vie et prend comme exemple l’histoire de Denise.Après 37 ans de travail dans l’usine de biscottes Auga, Denise prend sa retraite et vit son dernier jour de travail. Elle va enfin pouvoir profiter de sa maison, de son jardin, de sa collection de papillons et de son mari s’il daigne être plus présent. Mais une épreuve va faire basculer son existence et l’amener à se demander ce qu’elle a vraiment envie de vivre, quels sont ses désirs, ses rêves, quel est son essentiel.
Sabrina Chézeau, seule en scène, joue à la perfection tous les personnages. Un geste, un mouvement, une expression, une mimique, une inflexion de voix suffisent à incarner chacun : le mari, le fils, l’aide à domicile, l’amant d’un jour, l’autoritaire contremaîtresse de l’usine et bien sûr Denise. Sans aucun décor mis à part un fauteuil, elle se glisse dans tout l’espace scénique. Avec la complicité de Mathieu Maisonneuve à la lumière et de Nicolas Poirier à l’accompagnement musical, elle fait surgir sous nos yeux les différents lieux de vie : le bar lounge, l’ usine, la salle à manger, la chambre avec la collection de papillons, l’atelier de tango, la forêt, la clairière…
Dans ce spectacle de l’intime, Sabrina Chézeau aborde des thèmes sociétaux avec une grande justesse : la dureté du monde du travail avec ses cadences infernales et ses relations inhumaines, la monotonie du quotidien familial et conjugal, la crise du couple et le statut des femmes qui ne s’autorisent pas à vivre pleinement. L’épreuve qu’elle traverse va être pour elle l’occasion de se libérer et de donner libre cours à sa sensualité et à son amour pour la danse. Bravant enfin le risque de se brûler les ailes, elle prend son envol comme les papillons qu’elle aime tant.
Courez voir ce spectacle à la fois poétique, tendre et bouleversant qui ne vous laissera pas indifférent.e.s.On en sort le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux.
Frédérique Moujart
Du 07 au 26 juillet à 11h, relâches les jeudis 13 et 20 – Festival off Avignon, théâtre de l’Artéphile – Réservations : 04 90 03 01 90
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