Il nous avait présenté il y a quelques années une fresque-documentaire de six heures sur les années Macron, Je m’en vais mais l’État demeure. Il s’inspire cette fois d’un roman historique de Bertrand Guillot, où il est question de la nuit du 4 août 1789. Cette nuit-là les tout jeunes députés de l’Assemblée Nationale rédigèrent puis votèrent un décret abolissant les privilèges de la Noblesse, du Clergé puis des Provinces. Pour Hugues Duchêne, la situation politique moderne semble faire écho à celle de l’Ancien Régime au bord de l’effondrement, décrite dans le roman de Bertrand Guillot. Hier l’Ancien Régime, aujourd’hui la domination patriarcale ou les blocages sur les questions d’environnement.
Les spectateurs s’installent, dirigés par l’auteur et metteur en scène Hugues Duchêne, dans un espace quadrifrontal, assignés sans le savoir à l’espace de la Noblesse, du Clergé ou du Tiers-État. La date du 4 août 1789 s’affiche sur l’écran. Maxime Pambet va s’activer pour rendre le climat de cette nuit extraordinaire qui vit le vote du décret abolissant les privilèges, avec ses députés, ses gazetiers. Il fait vivre une galerie de députés Duquesnoy, Delaville, Noailles, Le Chapelier, de Kerangal et le jeune Talleyrand faisant le constat d’une société bloquée. Il en imite les accents, interpelle nobles et évêques (les spectateurs), conservateurs, modérés et libéraux, prend une jeune fille dans la salle pour en faire le député Noailles, monte quelques marches pour s’adresser au Président Le Chapelier. À deux heures du matin, l’heure s’affiche sur l’écran, c’est plié. L’abolition des privilèges qui signe la fin de l’Ancien Régime est votée.
Cette leçon d’Histoire vive et énergique est propre à séduire les élèves et tous ceux qui s’intéressent à l’Histoire. Le narrateur avance rapidement donnant bien le sentiment que l’histoire s’est soudain accélérée et la fin qui évoque les événements qui ont suivi le vote est tout aussi enlevée. Mais passée la narration de la nuit du 4 août et de son contexte, lorsque l’auteur commence à nous entraîner sur le chemin des privilèges auxquels les sociétés contemporaines devraient s’attaquer, « le blantriarcat » ou le relais qu’il faudrait passer aux hommes pour la prise en charge de la contraception, on perd l’élan, le constat est simpliste et l’humour tombe à plat. C’est dommage.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 30 mars au Théâtre 13-Bibliothèque, 30 rue du Chevaleret, 75013 Paris – du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h – Réservations : 01 45 88 62 22 – différentes dates en avril, mai et juin dans des salles communales du département du Nord – du 3 au 21 juillet au Théâtre du Train Bleu, festival off d’Avignon
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