La critique de Micheline Rousselet
François Morel aime la vie et les chansons. Il aime Brassens, Brel, Aznavour, Charles Trenet et bien sûr le théâtre. Il avait aussi envie de retrouver l’équipe de Le soir, des lions , en particulier son complice Antoine Sahler. Alors il se lance à nouveau, il nous raconte des histoires, en chansons, celle de la vieille dame qui philosophe sur un banc, il évoque la voix d’Amalia et la musique de Nino Rota.
Ce sont des chansons nouvelles qu’il nous propose, résultat d’une coopération où lui a écrit la plupart des textes et Antoine Sahler les musiques. Juliette l’a mis en scène. En hommage au music-hall de la grande époque, le chanteur est dans un rond de lumière. Les musiciens sont derrière ou autour de lui, parfois derrière un rideau de tulle, mais le plus souvent dans la lumière. Antoine Sahler au piano, mais aussi aux claviers et à la trompette, Muriel Gastebois au vibraphone et à la batterie, Lisa Cat-Berro au saxophone, à la flûte ou au trombone, Amos Mah au violoncelle, à la contrebasse et à la guitare l’accompagnent.
François Morel joue, chante, imite Aznavour ou Brassens, se fait reprendre par son pianiste, car tout de même, le musicien doit savoir s’il accompagne un chanteur ou un imitateur, les taxes ne sont pas les mêmes ! Il fait d’Antoine Sahler son compagnon de jeu. Il s’adresse au public et le rend complice. Il en fait le spectateur du destin du militant et s’empare des batailles de chiffres avec humour, il nous emmène dans la peau de l’enfant qui s’interroge « c’est encore long l’enfance ? ». Chaque chanson devient avec lui une courte pièce où l’on passe de l’émotion, avec l’évocation des amours de jeunesse « ce baiser, vous souvenez-vous que vous m’aviez un jour donné, j’aimerais vous le restituer », au rire « Petit Jésus tu m’as déçu ». Il interprète Au suivant de Brel et on découvre une autre approche, fidèle mais différente.
Et sous les acclamations du public, il conclut « Putain, y’a pas plus chic qu’une chanson populaire »
Micheline Rousselet
Un avis un peu différent de Francis Dubois
Il apparait sur scène en imitant Yves Montand, une maladresse que corrige son pianiste : « on ne commence pas un récital de chansons par une imitation »
Le ton est donné et on retrouve immédiatement le personnage emprunté de François Morel, le même depuis des années, des décennies maintenant, du temps où il faisait partie de la troupe des Deschiens.
« La vie, Titre provisoire » est un récital de chansons nouvelles qui disent l’état du monde et le besoin d’en rire.
Autour de lui, en arc de cercle, les quatre musiciens-musiciennes complices et toute une batterie d’instruments.
Mais « La vie, titre provisoire » n’est pas seulement un récital de chansons, c’est aussi, comme si François Morel ne pouvait s’en empêcher (mais surtout parce que c’est son « fonds de commerce »)
un numéro d’humoriste qu’il distille entre presque chaque chanson avec plus ou moins de bonheur mais avec une efficacité certaine à laquelle le public d’inconditionnels répond au quart de tour.
Chaque mimique, la moindre facétie, le plus petit haussement de sourcil, font mouche quand ils proviennent de celui qu’on est venu voir plutôt qu’entendre.
François Morel est peut-être l’exemple même de l’artiste qui fonctionne sur une légende et qui n’a qu’à renouveler le geste ou la mimique pour que la complicité avec le public fonctionne, pour qu’il rie à la moindre réplique ou frappe dans ses mains quand le bon rythme est là.
Et c’est peut-être ce qu’il y a de plus réussi, de plus émouvant dans le spectacle, la complicité qui s’établit à la moindre occasion, entre l’artiste et son public.
Mais François Morel est peut-être un chanteur et un humoriste de talent au service ici, d’un spectacle un peu pâlichon auquel il manque du panache et une présence un peu plus soutenue de l’artiste.
Quand il interprète « Au suivant » de Jacques Brel, le moment est réussi ou quand il reprend une chanson de Trenet, mais quand il apparaît en guitariste moustachu, on se demande s’il se moque de Brassens ou s’il lui rend hommage.
On peut aller voir ce spectacle sans déplaisir. On peut tout aussi bien faire l’impasse…
Francis Dubois
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h. Relâche les lundis, le 9 octobre et le 1er novembre.
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