Énée, héros de la guerre de Troie et Tchavalo, un musicien des rues sont les deux survivants de la plus célèbre ruse militaire de l’Histoire antique grecque. Physiquement représentés sur le plateau de la salle Vicky Messica du Théâtre Les Déchargeurs par un narrateur et un accordéoniste, ils racontent la dernière nuit de Troie, le massacre de leur peuple par les Grecs, la fuite des rescapés et la longue traversée de la Méditerranée.

Ce mythe d’autrefois ramène aux exodes d’aujourd’hui.

Il ramène à la cruauté des guerres, à la seule possibilité pour les peuples opprimés, pour échapper aux massacres aveugles, que de fuir et de tenter l’exil au péril de leurs vies.

Théâtre : La véritable histoire du cheval de Troie
Théâtre : La véritable histoire du cheval de Troie

Une belle idée que celle de raconter à travers le récit d’Énée, les textes de Virgile et d’Homère, le drame de ceux qui périssent aujourd’hui en mer pour une infime chance de liberté et de vie meilleure.

Il y avait là, avec le récit de l’exilé qui est dans l’attente pour lui et son peuple d’un accueil qui ne vient pas, un beau sujet de spectacle théâtral.

La bonne idée aboutit partiellement surtout grâce à des chants d’espoir qui ponctuent le déroulement du récit, à la magnifique voix du comédien -chanteur- danseur Guillaume Edé.

Ici, le plaisir prend l’avantage et on se laisse aller à imaginer à ce qu’aurait pu être cette «  Véritable histoire du cheval de Troie  » si le comédien avait su apporter plus de nuances à un jeu dramatique tellement enflammé que, dans les envolées, il finit par laisser en chemin la puissance du texte, le drame des situations évoquées.

Le jeu de Guillaume Edé surligne un texte qui se serait suffi à lui-même avec une gestuelle débordante, des mimiques excessives qui, d’une fois à l’autre, voient passer à la trappe le plaisir des chants d’espoir.

Fort heureusement, le texte ressort de là presque indemne et le spectacle qui s’achève sur un magnifique moment chanté, laisse sur une impression positive qui renvoie à la bonne idée de Claude Brozzoni d’établir, dans une adaptation réussie de «  L’Odyssée  » d’Homère et le «  L’Enéide  » de Virgile, le rapprochement entre le mythe et le regard des peuples perdants d’aujourd’hui qui pourraient être Syriens, Kurdes, Lybiens, Tziganes mais aussi Juifs, Chrétiens ou Musulmans…

Francis Dubois

Théâtre Les Déchargeurs 3 rue des Déchargeurs 75 001 Paris

Réservations au 01 42 36 00 50 / www.lesdechargeurs.fr


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