Hamlet, prince du Danemark vit mal le mariage de sa mère Gertrud avec son beau-frère Claudius, très peu de temps après la mort mystérieuse de son père. Sur les remparts, il a la vision du spectre de son père, qui lui révèle avoir été assassiné par Claudius avec la complicité de sa mère, et lui demande de le venger. Le comportement d’Hamlet devient alors étrange. Doutant de lui-même, irrésolu, il épargne Claudius alors qu’il aurait pu le tuer. Intelligent il élabore des plans, transformant la partition de comédiens venus jouer au château espérant ainsi confondre Claudius. Mais d’un autre côté il simule la folie pour éloigner de lui sa fiancée Ophélie ou pour tromper Claudius et sa mère et ses choix conduiront à la tragédie.

La pièce de Shakespeare, très longue et avec des monologues sublimes, offre de multiples sens. Le metteur en scène Guy-Pierre Couleau a vu surtout dans la tragédie d’Hamlet le dilemme du choix, des choix devrait-on dire, ceux que l’on fait tout au long de sa vie et que l’on doit assumer. Pour Hamlet justice et innocence sont au cœur de sa tragédie. Fort de cette lecture, et pour le plus grand plaisir du spectateur, Guy-Pierre Couleau a choisi une adaptation de Peter Brook sur un texte français de Jean-Claude Carrière et Marie-Hélène Estienne. Les phrases sont fortes (« Peut-on être pardonné en gardant les fruits de son crime, Couronne, Reine, Pouvoir » dit Claudius), sarcastiques parfois (« Me croyez-vous plus facile à jouer qu’une flûte » dit Hamlet), désespérées d’autres fois. Pas de scénographie compliquée, quelques chaises, un sol que l’on recouvre d’une toile évoquant celles de J.M. Basquiat avec son roi fou, des panneaux avec des graffitis et les mots Evil thoughts et Revenge. Les acteurs sont en costume contemporain. Le metteur en scène a aussi choisi de révéler la descente dans la folie d’Ophélie par la danse. Sandra Sadhardheen, qui interprète Ophélie, est une danseuse formée tant en danse indienne qu’en danse contemporaine. Elle se tord, erre sans direction sur la scène, balance sa longue chevelure noire, dont on sait qu’elle parera la noyée.

Les acteurs mériteraient tous d’être cités, tel Emil Abossolo Mbo, qui fait passer avec finesse Polonius du rôle de conseiller perfide à celui de père éploré. On retiendra bien sûr Anne Le Guernec en Gertrud, fuyant la colère d’Hamlet par ses stratagèmes et ses silences et Nils Ohlund en Claudius qui n’avoue jamais mais s’interroge lui aussi sur les choix qu’il a faits. Enfin il y a Benjamin Jungers, le Hamlet que l’on imagine, jeune, doutant d’être à la hauteur de la mission qu’il se croit obligé d’accomplir, et lui sacrifiant avec cruauté sa fiancée, jouant le fou pour pouvoir trouver les moyens de venger son père mais hésitant, troublant en un mot.

C’est le texte qui est en majesté, porté par de très bons acteurs et un Hamlet que l’on gardera en mémoire.

Micheline Rousselet 

Toutes les indications de dates et lieux sont liées aux décisions sanitaires

9 mars au 18 avril au Théâtre 13 / Jardin – 103a boulevard Auguste Blanqui – 75013 Paris – Réservations : 01 45 88 62 22 – du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h – 30 septembre 2021 – Théâtre d’Auxerre – 9 novembre 2021 – Carré Scène Nationale de Château- Gontier – 7 janvier ou 21 avril 2022 – Théâtre Victor Hugo de Bagneux

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