Le comédien, deux fois primé aux Molières, reprend le procédé des leçons d’histoire qu’il avait déjà expérimentées avec le Moyen-Âge. La Révolution française est un mythe fondateur de la société française qui y a puisé ce goût pour la liberté et cette passion pour l’égalité dont parlait Tocqueville. Maxime d’Aboville, qui joue actuellement dans ce même Théâtre Hébertot, Pauvre Bitos, où il incarne une sorte d’héritier de Robespierre, a donc naturellement choisi de s’intéresser à cette période. De la prise de la Bastille à la mort de Robespierre, en passant par la Nuit du 4 août, la fuite à Varennes, la chute de la Monarchie, l’exécution de Louis XVI et le Terreur, il nous offre une leçon d’histoire passionnante. On passe de l’enthousiasme du début aux heures terribles de la Terreur, quand la grandeur des intentions va être dévoyée, que des monstres vont surgir et que le sang va couler à flot.

Le comédien seul en scène avec juste un pupitre comme élément de décor, puisque la révolution fut aussi une affaire de discours, nous offre une galerie de ces grands orateurs que furent les Révolutionnaires. Juste un peu de fumée pour évoquer la prise de la Bastille, qu’il semble contempler au loin, son ton devient épique avant de devenir plus calme pour évoquer la Nuit du 4 août. Il enchaîne avec fluidité les événements, qu’il raconte d’une courte phrase, et des extraits des plumes illustres, Hugo, Michelet, Lamartine et Dumas qui se sont penchés sur eux. On entend l’urgence et la passion dans la voix de Danton appelant le peuple à arrêter les ennemis de la patrie, le ton froid et déterminé de Saint-Just demandant que le Roi soit jugé non comme un citoyen mais comme un ennemi, l’idéalisme d’un Camille Desmoulins, qui estime que la Terreur n’est plus nécessaire et souhaite remplacer le Comité de Salut Public par un Comité de la Clémence, le ton terrible de Saint-Just accusant Danton d’être un traître et un contre-révolutionnaire et les réparties de celui-ci entrées dans l’histoire. Le comédien donne toute la place aux idées et aux hommes qui les incarnèrent et c’est passionnant. En nous plongeant dans la violence des débats politiques et intellectuels de la période il nous invite discrètement à y chercher des échos aujourd’hui.

C’est le professeur d’histoire dont on a tous rêvé !

Micheline Rousselet

Jusqu’au 4 janvier 2025 au Théâtre Hébertot, 78 bis, bd des Batignolles, 75017 Paris – le mercredi à 19h, le samedi à 16h – Réservations : 01 43 87 23 23 ou www.theatrehebertot.com

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