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Héroïne de la courte nouvelle de Stefan Zweig, La peur, une femme, Irène, est l’épouse d’un avocat célèbre et s’est laissée séduire par un jeune pianiste, qui lui semble incarner une bohème qui tranche avec son milieu bourgeois. Elle devient la victime d’une femme, Elsa, qui la fait chanter et va peu à peu s’enfoncer dans une spirale de mensonges et de culpabilité au point de frôler la folie et de vouloir se suicider. C’est sur cet effroi grandissant qu’est centrée la nouvelle. Élodie Menant l’a adaptée en donnant beaucoup plus de place aux relations d’Irène et de son mari. Elle éclaire dès le début les insatisfactions d’Irène et les incompréhensions qui se développent entre elle et son mari. Elle a aussi donné à la pièce une fin moins heureuse et plus en accord avec la conquête de leur autonomie par les femmes, même si celle-ci est parfois douloureuse.

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La mise en scène d’Élodie Menant renvoie à l’univers de la série Mad Men avec une Irène virevoltant en robe à godets dans une maison à la décoration années 50, avec ses baies vitrées, son téléphone accroché au mur et la radio débitant des réclames et les chansons d’Elvis Presley. Comme chez Hitchcock le spectateur est placé en situation de voyeur, observant l’engrenage qui conduit Irène vers la panique et la démence. De façon astucieuse, le décor pivote permettant de voir à la fois l’intérieur de l’appartement et l’extérieur, où rode le maître-chanteur. L’appartement semble se refermer comme un piège autour d’Irène. La peur est incarnée par Elsa (Ophélie Marsaud), qui surgit brusquement lorsqu’on ne s’y attend pas. Hélène Degy campe avec justesse une Irène qui s’ennuie, joue du piano et aimerait que son mari s’occupe davantage d’elle, qui virevolte puis se laisse peu à peu déstabiliser par la menace que représente Elsa, n’arrive pas à dire la vérité et ne voit plus qu’une issue, la mort. Aliocha Itovich incarne Fritz, mari très occupé par son métier d’avocat et qui attache une grande importance à la vérité puisqu’il est sans cesse confronté à des clients qui mentent. Son jeu se transforme peu à peu pour incarner un mari qui semble ne plus rien comprendre à l’attitude de sa femme.

Même si le sentiment de culpabilité et la peur sont moins sensibles que dans la nouvelle de Zweig, cela reste un spectacle agréable.
Micheline Rousselet

Du jeudi au dimanche à 19h

Théâtre Michel
38 rue des Mathurins, 75 008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 42 65 35 02

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