Un jeune homme, Lucentio, arrivant à Padoue avec son valet, aperçoit une jeune fille fort jolie et en tombe amoureux. Mais le père de Bianca a décidé qu’elle ne pourrait se marier que lorsqu’un mari se sera présenté pour sa sœur aînée, Catarina. Or c’est loin d’être gagné car celle-ci est une mégère acariâtre qui terrorise et insulte tout le monde. Mais justement arrive à Padoue un des amis de Lucentio qui a besoin d’épouser une jeune fille riche. Petruchio réussit à obtenir du père de Catarina de lui accorder sa main. Mais comment convaincre la belle ? Petruchio y réussira sans violence directe mais en la privant de sommeil et de nourriture, en la menaçant et en l’enfermant, tout cela dans une atmosphère de comédie !

La misogynie de cette comédie de Shakespeare, déjà critiquée de son temps, est devenue inacceptable aujourd’hui. Il fallait donc l’adapter, tout en gardant son comique, ce qu’a fait Frédérique Lazarini assistée de Lydia Nicaud. Elle a eu l’idée de terminer la pièce en imaginant ce qu’elle serait devenue si une femme, pourquoi pas la sœur de Shakespeare, l’avait écrite. Et l’on voit la douce Bianca devenue l’épouse de Lucentio, qui s’ennuie dans le mariage, le dit et le proclame, et rêve de ses anciens prétendants !

Puisque nous sommes en Italie, Frédérique Lazarini met la pièce en relation avec les comédies italiennes des années 50 et 60, celles de Vittorio de Sica ou de Dino Risi, dans lesquelles commençaient à poindre des aspirations féministes. On est dans un décor de draps tendus qui évoquent les cinémas ambulants qui passaient dans les villages. Et on va glisser du cinéma (film en noir et blanc de Bernard Malaterre) à la scène. Bianca (Charlotte Durand-Raucher) n’apparaîtra que sur l’écran, dans des scènes en noir et blanc, où elle se languit de ses amoureux et s’ennuie. Parfois les personnages sortent de l’écran et s’installent sur scène, parfois un dialogue s’installe entre scène et écran. Et puis, comme au cinéma de l’époque, il y a des intermèdes, de la publicité, l’annonce du film de la semaine suivante et cela vaut la peine ! La publicité pour les gaines Seduzione et l’annonce d’un péplum, combinés à des moments de pure commedia dell’arte doublent le comique des réparties, tout comme la musique. La voix d’un ténor chantant l’air le plus poignant de Tosca accentue le comique des lamentations du père encombré de cette fille impossible.

Sarah Biasini est une Catarina au visage grognon et colérique qui se transforme en femme modèle conventionnelle, douce, jolie, souriante. Elle est aussi convaincante sous les deux aspects. Cédric Colas incarne Petruchio, le macho type, qui arrive en blouson de cuir sur marcel blanc, avec son tandem, pour emmener Catarina. La pièce avance avec un rythme rapide. Maxime Lombard fait penser à Raimu dans le personnage du père et Guillaume Veyre excelle en valet malmené.

Micheline Rousselet

Du 15 décembre au 17 janvier à l’Artistic Théâtre – 45 bis rue Richard Lenoir, 75011 Paris – Réservations : 01 43 56 38 32 – Nouveaux horaires : mardi, jeudi et vendredi à 19h, mercredi et dimanche à 15h, samedi 15h et 18h30. Relâche le lundi et le 24 décembre. Horaires exceptionnels les 25, 31 décembre et 1er janvier


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