Argan souffre de multiples maux imaginaires et se complaît dans de constantes lamentations à propos de sa santé. Il n’a de cesse de se faire prescrire des saignées et autres purges – quand ce ne sont pas des médecines onéreuses – par des médecins qui le maintiennent dans ses penchants hypocondriaques.
Veuf, il s’est remarié avec Beline qui lui déclare son amour alors qu’en réalité, elle n’attend que la mort de son mari pour pouvoir hériter de sa richesse.
Argan veut marier, pour son confort personnel de perpétuel malade, sa fille Angélique avec Thomas Diafoirus jeune médecin, fils de médecin et neveu du riche docteur Purgon alors que celle-ci est amoureuse de Cléante.
Mais Toinette, la servante impertinente, futée et autoritaire, veille au grain. C’est grâce à une supercherie imaginée par ses soins, que Beline se trouvera tenue de dévoiler son vrai visage….
Les multiples mises en scène de cette pièce de Molière ne se comptent plus et les interprètes du rôle d’Argan non plus, parmi lesquels les prestigieux Louis Seignier, Pierre Dux, Marcel Maréchal ou Michel Bouquet.
Dans la reprise de la mise en scène de Michel Didym au Théâtre Dejazet, beau théâtre à l’italienne à redécouvrir, dont la direction est pour une année assurée par Jean-Louis Martinelli, le rôle du Malade Imaginaire est interprété en alternance par André Marcon et Michel Didym quand le rôle de Toinette se partage entre Nora Krief et Agnès Sourdillon.
Dans la scène d’ouverture, André Marcon, un solide et virtuose comédien dont on a pu apprécier en de nombreuses autres occasions les interprétations subtiles, impose d’entrée un superbe nouvel Argan
L’incomparable interprète de Valère Novarina (« Le discours des animaux» ) ou de Yasmina Reza («Le Dieu de carnage » – «Comment vous racontez la partie ») a voulu déjouer tous les risques d’excès de jeu que comporte le personnage pour aller vers une sobriété, une élégance, une interprétation qu’il donne, dans une fausse apparence , en mode mineur.
Le charisme du comédien fait merveille dans une partition qui peut paraître, à force de maîtrise, un peu nonchalante, mais qui donne à Argan, des élans fulgurants et beaucoup de profondeur.
Face à lui qui lui laisse l’espace, Nora Krief invente son personnage à chaque instant et surjoue avec une parfaite maîtrise du dosage,
Dommage que le reste de la distribution soit de moyenne qualité avec parfois, des débordements de gesticulation.
La mise en scène de Michel Didym va, avec bonheur, de la farce à des tempi plus contrôlés, respectant un texte qui se prête à des ruptures de ton dont elle ne se prive pas
Ce « Malade imaginaire » en plus de toutes les subtilités de jeu et de mise en scène, donne une lecture limpide de la pièce et les moments drôles et irrésistibles qui ne manquent pas, rendront attentifs au texte, autant des élèves de classes élémentaires et de collège que des lycéens.
Francis Dubois
Théâtre Déjazet 41, Boulevard du Temple 75 003 Paris
Réservations 01 48 87 52 55 ou www.dejazet.com Se réclamer du Snes et de cet article : demande de partenariat Réduc’snes en cours
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu