Tiré du roman autobiographique de Brahim Naïk-Balk  Un homo dans la cité, la compagnie le Chat Foin présente La Hchouma qui signifie la honte. Grand frère d’une famille nombreuse arabo-musulmane, Brahim grandit dans une cité populaire. Natif de Saint-Etienne, ville minière où le football se confond avec les verts, il va vivre les injonctions virilistes de ces deux milieux. Mal à l’aise avec le ballon qui ne tourne pas rond pour lui, il comprend vite qu’il ne fait pas bon d’ être différent dans cet environnement hétéronormé. Plus tard, devenu malgré lui chef de famille et ayant déménagé dans la Cité des 3000 à Aulnay sous Bois, il affronte en tant qu’homosexuel toutes les violences verbales et physiques des jeunes de la Cité pour lui faire comprendre qu’il est la honte des musulmans et des footballeurs. Heureusement que malgré sa peine, il trouve auprès de sa mère à qui il révèle son homosexualité tardivement un soutien qu’il n’envisageait pas. Comme il se considère comme anormal, en position de faiblesse, il subit toutes les vexations qui auraient pu le pousser au suicide comme tant d’autres jeunes de son âge qui ne trouvent ni compréhension ni aide ni soutien auprès de leurs proches. Brahim finira par faire du football une force d’émancipation dont il va se servir dans le cadre de sa vie professionnelle d’éducateur sportif auprès d’handicapés et ira jusqu’à créer Le Paris Foot Gay en 2003

Deux comédiens, Ahmed Kadri et Majid Chikh-Miloud, interprètent le rôle d’Ibrahim prenant la parole tour à tour en se passant la balle de foot pour raconter son terrible parcours. Ils sont excellents. Ahmed Kadri joue aussi le jeune de banlieue, la mère, le père. Une capuche, un foulard sur la tête suffisent pour changer de rôle. Les spectateurs disposés en L encerclent les deux comédiens et les yeux dans les yeux s’imprègnent et peuvent partager les émotions et les humiliations traversées par Brahim. Il n’est pas facile de faire passer ce témoignage qui pourrait heurter. La mise en scène très dépouillée de Yann Dacosta (seulement quatre sièges) et le jeu des comédiens font entendre le texte avec beaucoup de finesse, de pédagogie et d’émotion. On le sent bien tout au long de la représentation qui à l’origine était un module composé d’une représentation et d’un débat d’une heure destiné à être monté devant des élèves de collèges et de lycée. C’est un très beau travail, très adapté pour des adolescents qui sont ainsi amener à s’interroger et à échanger sur le poids de la norme du groupe qui fait de la posture et du mensonge un poison. En ce moment et plus que jamais, c’est une urgence absolue. N’hésitez pas à amener vos élèves, vos adolescents voir ce spectacle très bien monté et très utile.

Frédérique Moujart

Jusqu’au 19 avril, les mardis et jeudis à 21h, les samedis à 20h – Théâtre de la Reine Blanche, 2 bis passage Ruelle, Paris 18ème – Réservations : 01 40 05 06 96 ou www.reineblanche.com

Bienvenue sur le blog Culture du SNES-FSU.

Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.

Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu