Homère est à l’honneur cette saison. Après le très beau diptyque Iliade et Odyssée de Pauline Bayle et le très contesté Ithaque de Christiane Jatahy, le Théâtre du Mantois s’intéresse à son tour à la Guerre de Troie. Mais le texte d’Eudes Labrusse ne s’en tient pas au poème d’Homère, qui se cantonne aux dernières années de la guerre. Il trace la généalogie des Dieux, demi-dieux et héros qui peuplent le récit de cette guerre, en s’inspirant de Sophocle, Euripide, Hésiode et Virgile et surtout il s’agit de raconter cette guerre « en moins de deux » ! On suivra donc la naissance d’Hélène, Pâris choisissant de donner la pomme d’or à Aphrodite au grand dam d’Athéna et d’Héra, le sort de la pauvre Cassandre, la mort d’Achille et bien d’autres aventures. Mais, clin d’œil à Homère, il y a vingt-quatre épisodes comme il y a vingt-quatre chants dans l’Iliade !

Théâtre : La guerre de Troie en moins de deux
Théâtre : La guerre de Troie en moins de deux

Dans la mise en scène de Jérôme Imard et Eudes Labrusse, ils sont huit au plateau, sept comédiens et un pianiste. Les acteurs n’incarnent pas un personnage, ils ne disent jamais « je », ils racontent et apparaissent comme les membres d’un chœur. Comme dans le théâtre grec il y avait de la musique, Christian Roux, le pianiste-guitariste, a imaginé une musique qui évoque les Balkans. Parfois les comédiens chantent (« Ah dieu que la guerre est jolie ») et l’on pense alors à Offenbach mais l’un des héros n’hésite pas, si nécessaire, à tirer sur le pianiste !

On s’amuse beaucoup à réécouter ces histoires que l’on connaît si bien. Les hommes courent après la gloire et les femmes et ils sont prêts à toutes les déloyautés pour devenir des héros, les Dieux ont des passions très humaines, en priorité satisfaire leurs désirs, chercher à être le premier entre tous et se venger ! Mais la Compagnie choisit de mettre de la distance dans cette histoire tragique en introduisant du comique dans le texte (« C’est la couche de résiné qui fait déborder l’amphore » en commentaire de ce qui provoque la colère d’Achille) et du burlesque dans les situations. Zeus a une mini-cape de cygne dont il recouvre Léda pour qu’elle donne naissance à Hélène, celle-ci, « la plus belle femme du monde » est incarnée par une poupée Barbie que Ménélas prend dans ses bras, Pâris évolue dans un brouhaha de bêlements de moutons, Cassandre est auréolée de plumes noires ébouriffées et un bruit de zip de fermetures éclairs se fait entendre chaque fois qu’un personnage entre dans la tente d’un des héros. Quant aux chaises, elles se métamorphosent sans cesse, devenant épée, charrue d’Ulysse qui laboure la plage (idée de Pénélope pour le faire passer pour fou afin de l’empêcher de partir) et à la fin énorme cheval de Troie.

Avec trois bouts de ficelle, ces huit-là ouvrent notre imaginaire et nous font retrouver avec un plaisir d’enfant ce monde où hommes et Dieux ont la même cruauté.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h

Théâtre 13 / Jardin

103A Boulevard Auguste Blanqui, 75013 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 45 88 62 22


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