1920. Les «Russes blancs» sont aux abois. La guerre civile qui a suivi la révolution bolchevique s’est finie en échec. Il ne reste plus à cette population que de fuir et d’aller trouver refuge en Crimée, à Sébastopol, Constantinople puis Paris.

Sous la forme de huit «songes», Michaïl Boulgakov entre drame et farce, cauchemars et moments flamboyants, retrace le chaos d’une déroute. Le fuite entraîne dans des situations d’urgence, un désordre d’improvisations, de découragements et de sursauts, des personnages projetés hors de leur monde, déclassés, réprouvés mais portés par un indestructible désir de vivre.

Une fuite éperdue que Boulgakov a conçue dans le pur style du théâtre satirique russe.

Théâtre : La fuite
Théâtre : La fuite

Avec ces hommes et ses femmes qui, au hasard de la débâcle, se perdent, se retrouvent, s’aiment ou se trahissent, avancent ou penchent pour un désir de retour, cèdent au plaisir du jeu, vivent des amours déchirées, l’auteur nous entraîne dans le dédale d’atmosphères contrastées donnant lieu à des ruptures de ton que Macha Makeïeff relaie par une mise en scène fluide et flamboyante avec la complicité d’interprètes qui, chacun dans son registre, apporte au spectacle, la dimension des grands moments de théâtre.

«La fuite» est un spectacle à facettes, sorte de puzzle magique, de kaléidoscope enchanteur, un magnifique divertissement autour d’un drame historique à la fois prémonitoire et testamentaire qui fait écho à notre actualité brûlante, à l’exil et au déracinement, à l’errance, à l’incertitude du lendemain, au déclassement social que connaissent ceux qui, aujourd’hui, fuient leur pays.

Si, au moment de l’ouverture du spectacle, le foisonnement des situations et des personnages donne une impression de confusion, très vite, la mise en scène de Macha Makeïeff trouve le rythme qui convient aux ruptures de ton de la pièce et nous entraîne dans le tourbillon de cette fresque intime tout à coup totalement maîtrisée et jubilatoire.

Distribution magnifique que dominent les prestations contrastées de Vincent Winterhalter qui apporte au Général Tcharnota une dignité malicieuse et de celle d’Alain Fromager en pleutre ex-ministre du commerce ou de Pascal Réméric en craintif et tremblant Gouloubkov. On pourrait citer tous le monde.

Mention spéciale à Pierre Hancisse dont la présence apporte un note troublante au spectacle.

Magnifique!

Francis Dubois

TGP Théâtre Gérard Philipe Centre dramatique national de Saint-Denis 59 Boulevard Jules Guesde 93 200 Saint-Denis

Billetterie 01 48 13 70 00 /www.theatregerardphilipe.com

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 57 42 14


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